Hydro-Québec ne construira pas de nouveaux grands barrages hydroélectriques «tant et aussi longtemps qu'on sera en position de surplus».

Mathieu Rouy, conseiller en affaires publiques pour les projets de construction de centrales chez Hydro-Québec, a précisé à La Presse mercredi la vision d'avenir de la société d'État, estimant qu'on n'a «vraiment pas besoin de plus de capacité de production» en ce moment, alors que le prix de l'énergie «a chuté» et qu'Hydro-Québec est en situation de surplus d'électricité. 

À l'Assemblée nationale, plus tôt mercredi, le chef de la Coalition Avenir Québec (CAQ), François Legault, a accusé le premier ministre Philippe Couillard de manquer d'ambition en ayant dit cette semaine à New York que l'ère des grands barrages était terminée. 

«Au Québec, l'hydroélectricité, c'est au coeur de notre développement. On a développé une expertise», a souligné M. Legault, insistant sur le fait qu'il fallait lancer de nouveaux grands projets hydroélectriques pour augmenter la capacité d'exportation d'Hydro-Québec.  

«La quantité d'électricité disponible au Québec est phénoménale», a répondu M. Couillard, estimant que la capacité de production actuelle d'Hydro-Québec est déjà suffisante pour que la société d'État soumette des appels d'offres pour fournir en énergie l'Ontario, la Nouvelle-Angleterre et l'État de New York.

Un changement de cap pour Hydro? 

Il y a moins d'un an, en octobre 2016, le président-directeur général d'Hydro Québec, Éric Martel, affirmait devant la Chambre de commerce de Québec qu'il étudiait la possibilité de construire une nouvelle grande centrale électrique dans le nord du Québec. 

«Est-ce qu'on construit une prochaine grande centrale? On veut faire ça. On est en train de regarder sur quelle rivière. On discute avec les premières nations pour savoir comment on peut travailler ensemble. On voudrait un projet prêt à démarrer en 2020», avait-il déclaré, selon ce qu'a rapporté Le Soleil à l'époque. 

Sur l'ampleur de ce nouveau projet, M. Martel avait déclaré que cela dépendrait des besoins. «Ça pourrait être de l'ampleur de la Romaine. Cela pourrait être plus gros», disait-il. 

Depuis, indique Mathieu Rouy d'Hydro-Québec, M. Martel a pris la parole pour dire «qu'on n'allait pas lancer de nouveaux projets ou acheter de l'énergie dont on n'a pas besoin. (...) En ce moment, en position de surplus, on essaie de faire du développement et d'exporter davantage», a-t-il affirmé.

Du côté du Parti québécois, le député Sylvain Gaudreault met aussi de côté la construction de nouveaux grands chantiers hydroélectriques, estimant que «les prochains grands barrages, ça sera dans chacune de nos maisons [que ça va se passer] par une stratégie forte de rénovation écologique et d'efficacité énergétique». 

La co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, estime pour sa part que la construction de grands barrages «est une vieille vision de développement économique».

«On ne veut pas bétonner le Grand Nord une deuxième fois. Pour exporter davantage, il faut d'abord miser sur l'efficacité énergétique. [L'électricité] la moins chère, c'est celle qu'on ne consomme pas.»