Le projet d'oléoduc Keystone XL fait l'objet à compter de lundi d'audiences publiques de la Commission des services publics du Nebraska, dernier grand organisme de réglementation dans ce dossier que TransCanada pilote depuis neuf ans.

Et dès lundi, les promoteurs du projet de 8 milliards $ ont été cuisinés de près par l'avocat de certains propriétaires touchés.

L'oléoduc de près de 1900 kilomètres est vertement critiqué par les écologistes et les Autochtones, mais aussi par un groupe peu nombreux mais très bien organisé de propriétaires fonciers du Nebraska. Les gens d'affaires et certains syndicats, de leur côté, appuient le projet qui créerait selon eux des emplois et générerait des recettes fiscales pour les gouvernements locaux.

La Commission des services publics du Nebraska devra décider si TransCanada, de Calgary, peut procéder, ce qui lui permettrait ensuite d'invoquer les lois de l'État sur l'expropriation. Les audiences, qui se tiennent à Lincoln, la capitale de l'État, pourraient durer cinq jours.

Si le projet était approuvé, l'oléoduc Keystone XL acheminerait le pétrole brut des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas - en passant donc par le Montana et le Dakota du Sud jusqu'au Nebraska, où il joindrait le réseau d'oléoducs existants. Il pourrait servir aussi de voie de sortie pour le pétrole du Dakota du Nord.

L'avocat Dave Domina a demandé lundi au premier vice-président de TransCanada, Tony Palmer, si l'entreprise paierait les frais de nettoyage et de décontamination en cas de déversement, et si elle retirerait l'oléoduc une fois sa vie utile terminée. Me Domina a d'ailleurs demandé si TransCanada serait prête à limiter la vie utile de l'oléoduc, ce que M. Palmer a rejeté. «La commission doit savoir qu'elle n'est pas obligée d'approuver ce tracé de façon perpétuelle», a plaidé Me Domina.

M. Palmer a assuré que TransCanada paierait les frais de nettoyage et de décontamination en cas de déversement, mais qu'elle pourrait aussi réclamer des indemnités à quiconque endommagerait l'oléoduc. Il a par ailleurs soutenu que les entreprises retirent «très rarement» les oléoducs en fin de vie - mais elles y injectent parfois un gaz inerte pour éviter la corrosion.

Le dirigeant a admis que TransCanada n'avait pas évalué combien il lui en coûterait pour retirer l'oléoduc. Il a par ailleurs soutenu que l'oléoduc pourrait être utilisé pendant plus de 20 ans, et que s'il était bien entretenu, il pourrait durer au moins 50 ans.

Me Domina a aussi évoqué le gazoduc «Bison» de TransCanada, qui s'était rompu près de Gillette, au Wyoming, en 2011, six mois après sa mise en service. Quelques mois avant l'explosion, TransCanada se targuait de respecter les critères les plus élevés en matière de sécurité. Un avocat de TransCanada s'est opposé avec succès à la question.