Au terme de fiançailles tumultueuses, le mariage de 1,1 milliard CAN entre la forestière Tembec et son acquéreur américain a finalement été consommé, jeudi.

Les actionnaires de la compagnie née en 1972 des cendres de la Canadian International Paper ont voté à 95% en faveur de l'offre de Rayonier Advanced Materials, soit bien plus que les deux tiers d'appuis nécessaires.

Seulement une poignée de personnes s'étaient déplacées au centre-ville de Montréal afin de participer à cette assemblée extraordinaire.

«D'un point de vue sentimental, des gens vont peut-être se dire qu'on n'aurait pas dû faire (cette transaction), mais quand on regarde les faits et les avantages pour les emplois et les actionnaires, tout cela est logique», a dit le président et chef de la direction de Tembec, James Lopez, en point de presse.

La transaction a toutefois semblé en péril jusqu'à ce que Rayonier Advanced Materials (NYSE:RYAM) bonifie son offre, tard dimanche soir, en raison de l'opposition des deux plus importants actionnaires de Tembec.

Oaktree Capital Management et Restructuring Capital Associates, qui détiennent 37% des actions en circulation de Tembec, estimaient que l'offre initiale de 4,05 $ par action n'était pas assez élevée.

Les deux firmes ont changé leur fusil d'épaule après que la société de Jacksonville eut proposé 4,75 $ - ou 0,2542 action de Rayonier Advanced Materials - pour chaque action de Tembec. Environ 67% du paiement sera effectué en espèces. L'offre tient compte de la dette de Tembec évaluée à 640 millions.

«J'étais confient qu'il y ait une entente, a dit M. Lopez. La transaction est tellement logique pour Rayonier. Les chances étaient élevées que l'entreprise et ses deux actionnaires trouvent un terrain d'entente.»

Le grand patron de Tembec a toutefois reconnu que la dernière semaine avait été angoissante pour les quelque 3000 employés de l'entreprise qui se trouvent principalement au Québec et en Ontario.

M. Lopez a également défendu l'offre initiale de Rayonier Advanced Materials en rappelant qu'elle représentait une prime d'environ 40% par rapport au cours de clôture de Tembec le 24 mai - la veille de l'annonce de la transaction.

«Nous pouvions accepter une offre plus élevée jusqu'à ce matin, a-t-il dit. Personne ne s'est manifesté pour en déposer une.»

La compagnie forestière avait commencé à évaluer ses options en 2012 alors qu'elle se trouvait dans une situation financière délicate. Bien qu'il y ait eu des discussions avec différents joueurs, a convenu M. Lopez, rien ne s'est concrétisé.

Sans aller jusqu'à dire que Tembec aurait été incapable de poursuivre ses activités à moyen terme, son dirigeant a affirmé qu'un mariage avec un autre partenaire «tombait sous le sens».

Rayonier Advanced Materials, qui compte 1200 employés, se spécialise dans la cellulose de grande pureté - un polymère naturel que l'on retrouve habituellement dans les téléphones cellulaires, les écrans d'ordinateur ainsi que les produits pharmaceutiques. Cette acquisition lui permettra de bonifier ses activités de cellulose, qui sont «complémentaires» à celles de Tembec, en plus de se diversifier en ajoutant les secteurs des produits forestiers, des pâtes et des papiers à son portefeuille.

Sans offrir de garantie, la société américaine a promis de conserver à Montréal le siège social canadien de l'entreprise, qui compte 33 employés - en plus de maintenir toutes les activités de Tembec.

«Rayonier a besoin d'un siège social canadien, a affirmé M. Lopez. Tout le personnel est déjà ici. Je crois que c'est la meilleure décision pour l'entreprise de le garder ici.»

L'entreprise floridienne devrait avoir complété l'acquisition de Tembec d'ici la fin de l'année, une fois que les autorités réglementaires canadiennes, américaines et chinoises auront donné leur aval au regroupement.