Les cours du pétrole ont terminé en forte baisse mardi, plombés par l'abondance de l'offre au moment où le regain des productions libyenne et nigériane vient s'ajouter au dynamisme du pétrole de schiste américain.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a chuté de 92 cents à 43,51 dollars sur le contrat pour livraison en août, nouveau contrat le plus échangé, au New York Mercantile Exchange (Nymex).

Le contrat de référence pour livraison en juillet, dont c'était le dernier jour de cotation, a lui perdu 97 cents à 43,23 dollars.

Le baril de référence n'avait pas fini aussi bas depuis août 2016. Par rapport à son plus haut niveau de l'année, en février, il a perdu plus de 20 %.

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 89 cents, à 46,02 dollars, sur le contrat pour livraison en août à l'Intercontinental Exchange (ICE), au plus bas depuis novembre.

«Le marché reste sous la pression de l'augmentation de la production libyenne et nigériane», a mis en avant Andy Lipow de Lipow Oil Associates.

Ces deux pays ont été exemptés de quotas de production, bien qu'ils fassent partie de l'Organisation de pays exportateurs de pétrole (OPEP) qui est engagée avec d'autres producteurs, dont la Russie, dans une réduction de l'offre.

Les experts de Commerzbank se faisaient ainsi l'écho d'informations de presse indiquant «qu'un conflit avec la compagnie allemande Wintershall avait été résolu», ce qui devrait faire augmenter la production libyenne de 50 000 barils supplémentaires.

Les dirigeants de la compagnie nationale libyenne (NOC) ne cachent pas leur ambition de faire repartir fortement les extractions dans le pays, qui avaient pâti de la guerre civile.

Navires pétroliers nigérians

«Au cours des derniers mois, la production nigériane a augmenté avec la remise en service», a ajouté Andy Lipow, évoquant de plus la reprise des opérations sur le champ pétrolier de Forcados dans le sud-est du pays.

Conséquence: «l'excès d'offre est particulièrement marqué dans l'Atlantique où il y a de nouveau de nombreux cargos chargés de pétrole nigérian cherchant à trouver preneur», a rapporté John Kilduff de Again Capital.

En parallèle, les extractions américaines, notamment de pétrole de schiste, sont sur la pente ascendante depuis l'automne, mettant un peu plus à mal les efforts de l'OPEP et de ses partenaires, qui ont prévu de limiter leur production jusqu'en mars 2018.

La perspective d'une réunion d'urgence de l'OPEP et ses partenaires du fait de la nouvelle dégringolade des cours a cependant été écartée mardi par le ministre russe de l'Énergie Alexandre Novak.

«Il n'y a aucune proposition pour se réunir d'urgence et entreprendre quoi que ce soit. Nous agissons conformément aux décisions qui ont été prises», a-t-il indiqué, selon des propos rapportés par l'agence russe Ria-Novosti.

Signe du manque d'impact des mesures prises par le cartel et ses alliés, les stocks mondiaux restent à un niveau élevé.

Dans ce contexte, les analystes auront les yeux rivés mardi après la clôture sur les estimations hebdomadaires des réserves américaines qui précédent d'un jour les chiffres officiels du département de l'Énergie (DoE).

Selon la prévision médiane des analystes interrogés par l'agence Bloomberg, les réserves de brut devraient avoir baissé de 1,2 million de barils lors de la semaine achevée le 16 juin. Les stocks de brut devraient avoir augmenté de 500 000 barils, tout comme ceux de produits distillés (gazole, fioul de chauffage), selon un relevé effectué mardi en fin de journée.