Les cours du pétrole ont terminé en baisse lundi, le marché cherchant à évaluer l'impact éventuel sur la production des tensions dans le Golfe entre l'Arabie saoudite et ses alliés d'une part et le Qatar de l'autre.

Le prix du baril de «light sweet crude», référence américaine du brut, a perdu 26 cents à 47,40 dollars sur le contrat pour livraison en juillet au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a reculé de 48 cents à 49,47 dollars sur le contrat pour livraison en août, à l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le marché fait des allers-retours au sujet de la rupture de plusieurs relations diplomatiques avec le Qatar», a rapporté Phil Flynn de Price Futures.

L'Arabie saoudite mais aussi Bahreïn, les Emirats arabes unis, tous producteurs de pétrole, et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, qu'ils accusent de «soutien au terrorisme».

La rupture des liens diplomatiques est accompagnée de mesures économiques comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes, des interdictions de survol et des restrictions sur le déplacement des personnes.

Le marché a d'abord monté dans les échanges électroniques précédant la séance «parce qu'il y avait une panique à la Bourse qatarie et que cela aurait pu mener à des problèmes d'approvisionnement», a détaillé M. Flynn.

Accord de l'OPEP

Le Qatar, très riche en gaz, ne représente que 2% de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et moins de 1% de la production mondiale de brut, mais cette crise intervient sur fond de tensions entre les deux rivaux régionaux que sont l'Arabie saoudite et l'Iran.

La semaine dernière, le Qatar s'était dit victime de «hackers» ayant publié sur le site de l'agence officielle de faux propos attribués à l'émir Tamim rompant avec le consensus régional sur plusieurs sujets sensibles, notamment l'Iran.

«Les craintes d'une éventuelle rupture d'approvisionnement laissent la place à une potentielle mésentente qui pourrait bloquer la coopération entre plusieurs producteurs», a commenté John Kilduff de Again Capital face à un marché reparti à la baisse.

Les pays de l'OPEP, dont l'Arabie saoudite et l'Iran sont engagés dans un effort de baisse de l'offre afin d'éponger le surplus mondial de brut et de faire remonter les cours.

Cet accord été a été prolongé fin mai jusqu'en mars 2018 mais les analystes s'interrogeaient sur sa solidité face à cette crise diplomatique majeure.

«L'Arabie saoudite et l'Iran se mènent une guerre par procuration depuis des années mais ils sont toujours capables de travailler ensemble sur les questions pétrolières», s'est toutefois voulu rassurant Phil Flynn.

«Par ailleurs, le Qatar a fermement soutenu les baisses de production de l'Opep»,a ajouté Helima Croft, analyste chez RBC Capital Markets.

Le marché du pétrole est morose depuis la prolongation de ces accords de réduction de l'offre le 25 mai qui étaient très attendus, et qui n'ont pas donné lieu à une baisse supplémentaire des quotas de production mais seulement de leur maintien au même niveau.