Les cours du pétrole ont monté vendredi, profitant d'un affaiblissement du dollar, mais signaient au final une nouvelle semaine hésitante dans un contexte d'interrogations sur les perspectives de réduction de l'offre.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, a gagné 72 cents à 53,33 dollars sur le contrat pour livraison en avril au New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a pris 82 cents à 55,90 dollars sur le contrat pour livraison en mai à l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Les marchés pétroliers ont observé des échanges tranquilles dans ce qui s'apparentait surtout à un prudent rééquilibrage après leur chute de jeudi», a écrit Tim Evans, de Citi.

Le marché a perdu plus d'un dollar le baril jeudi sous le coup de multiples éléments jugés de mauvais augure pour une réduction marquée de l'offre mondiale, que ce soit en Russie, dans l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ou aux États-Unis.

«Je ne pense pas qu'il se passe grand-chose aujourd'hui: on récupère juste un peu de ce que l'on a perdu hier», a résumé Bart Melek, de TD Securities. «C'est un petit rebond, c'est tout.»

Au final, les cours signent une légère baisse hebdomadaire et, au-delà, restent au niveau auquel ils évoluent depuis la fin 2016, à une cinquantaine de dollars le baril.

Dans ce contexte hésitant, «un affaiblissement du dollar (...) a contribué à soutenir le marché», a estimé M. Evans.

Le billet vert, dont la force pèse sur les échanges pétroliers car ils sont libellés en monnaie américaine, a perdu du terrain sur fond de prises de bénéfices alors même que Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale, a confirmé que la banque centrale envisageait de relever ses taux ce mois-ci, une perspective a priori favorable au dollar.

Violences libyennes

«La force du dollar devrait bientôt redevenir d'actualité puisqu'une hausse des taux en mars semble de plus en plus une chose certaine», a relativisé dans une note Matt Smith, de ClipperData, évoquant aussi l'effet négatif de doutes sur le bon respect des accords de baisses de l'offre entre grands pays producteurs.

Ces accords sont entrés en vigueur le 1er janvier et impliquent notamment les membres de l'OPEP, mais des chiffres publiés cette semaine n'ont pas suffi à rassurer totalement les investisseurs car c'est l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, qui semble assumer à elle seule la plus grande partie de ces baisses de production.

En ce qui concerne l'OPEP, les cours ont tout de même pu bénéficier vendredi «des violences en Libye et du risque de perdre de pétrole de bonne qualité», a avancé Mike Lynch, de Strategic Energy & Economic Research.

Des groupes armés ont lancé vendredi une nouvelle offensive contre la région pétrolière de Libye, membre de l'OPEP, mais exemptée d'abaisser sa production à cause de sa guerre civile, pour tenter de reconquérir des installations passées sous le contrôle d'autorités basées dans l'est du pays.

Par ailleurs, le marché n'a pas semblé pâtir de l'annonce d'une nouvelle hausse du nombre de puits en activité aux États-Unis cette semaine, selon un décompte établi par le groupe privé Baker Hughes, même si cela semble confirmer la reprise durable de la production américaine.

En fin de compte, pour le marché, «le plus gros problème, c'est de savoir si certains investisseurs ne vont pas perdre leur appétit à l'achat après avoir multiplié les paris en hausse alors que le marché n'a fait que stagner», a conclu M. Evans.

«Le marché semble fragile et vulnérable», a-t-il conclu.