Il n'est pas «irréaliste» de penser que le montage de 327 millions nécessaire pour relancer la mine de fer du lac Bloom puisse être réalisé uniquement avec des capitaux privés, estime Champion Iron Limited.

«Le contexte est beaucoup plus favorable que l'année dernière ou il y a deux ans, a expliqué vendredi le vice-président à l'ingénierie de la société minière, David Cataford. Les gens nous en parlent davantage maintenant.»

Au cours d'un entretien téléphonique, celui-ci n'a toutefois pas écarté un scénario dans lequel l'État québécois serait mis à contribution dans le projet de relance, affirmant que «toutes les options étaient possibles».

Près de la moitié des 327 millions du montage financier servirait à procéder à une mise à niveau des infrastructures du site minier situé près de Fermont.

L'an dernier, le fonds Capital Mines Hydrocarbures -géré par Investissement Québec (IQ)- avait allongé 20 millions, notamment pour mettre la main sur une participation de 36,8% dans la mine.

Ressources Québec, une filiale du bras financier gouvernemental, pourrait également octroyer un prêt de 6 millions, ce qui reste toutefois à finaliser.

«Je ne peux pas commenter ce qui serait préférable, a dit M. Cataford. L'important, c'est de redémarrer le projet, créer les emplois et générer les retombées économiques. Nous échangeons actuellement avec plusieurs groupes.»

En ce qui a trait à la possibilité d'injecter davantage de fonds publics dans l'aventure, la porte-parole d'IQ, Chantal Corbeil, a indiqué qu'il y avait des «discussions» avec l'entreprise.

Dans son étude de faisabilité sur la relance du site minier, Champion évalue à 44,62 $ la tonne le coût de production moyen du site.

«En tenant compte des prix, le taux de change, les coûts de transport par navire entre Sept-Îles et l'Asie, le projet serait viable avec un prix de 60 $ US la tonne et le prix actuel oscille aux alentours de 85 $ US», fait valoir M. Cataford.

Le vice-président à l'ingénierie de Champion croit qu'il est possible de redémarrer le site dès la première moitié de la prochaine année et d'embaucher rapidement environ 350 personnes.

Même si la mine a été mise en veilleuse, l'équipement a été «bien entretenu», affirme M. Cataford.

«Tout a été inspecté et les conclusions ont été très positives, affirme-t-il. Il y a beaucoup moins de risques entourant le démarrage.»

Selon M. Cataford, la production annuelle de concentré de fer pourrait atteindre 7,5 millions de tonnes dès 2018.

Champion avait payé 10,5 millions pour racheter le site minier dans le cadre d'une liquidation supervisée par les tribunaux afin de permettre à Cliffs Natural Resources de quitter la région.

En raison de la déprime des prix du fer, la société américaine avait décidé en 2014 de mettre fin aux activités de sa mine du lac Bloom - où travaillaient plus de 500 personnes - pour ensuite se placer sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.

Cliffs Natural Resources avait acquis la mine du lac Bloom en 2011 dans le cadre de sa prise de contrôle de Consolidated Thompson Iron Mines évaluée à environ 4,9 milliards.