Les titres pétroliers ont réagi à la hausse au choix de Rex Tillerson, PDG d'Exxon Mobil, comme secrétaire d'État du futur gouvernement de Donald Trump. Cette nomination, si elle est confirmée par le Congrès, ouvrirait de nouvelles perspectives pour le pétrole canadien, semblent croire les investisseurs.

« La nomination de Tillerson comme celle de Rick Perry, gouverneur du Texas pendant 14 ans, est une bonne nouvelle pour le secteur pétrolier aux États-Unis, et possiblement au Canada », dit Justin Bouchard, analyste financier chez Desjardins, dans un entretien téléphonique.

Le fonds négocié en Bourse d'un panier de grandes sociétés pétrolières américaines (XLE), coté à New York, a gagné 1,13 % pour flirter avec les 78 $US et s'approcher de son sommet des 52 dernières semaines.

Au Canada, Suncor, société pétrolière intégrée ayant des intérêts dans les sables bitumineux, a gagné 2,3 % à 43,75 $. TransCanada, promoteur du pipeline Keystone XL, a gagné près de 3 %, à 60,60 $.

UN PARTISAN DES PIPELINES

M. Tillerson, 64 ans, connaît très bien les sables bitumineux. Imperial Oil, filiale d'ExxonMobil, détient des participations dans des gisements. Le haut dirigeant est aussi un partisan avoué du projet de pipeline Keystone XL de TransCanada, qui a été bloqué en 2015 par le président Obama.

Ce pipeline est vu comme la meilleure façon de transporter le pétrole de l'Alberta vers les raffineries du golfe du Mexique.

Un professeur de l'Université de Calgary, Robert Skinner, a indiqué au Globe and Mail qu'il y a un sentiment d'exaltation au centre-ville de Calgary au sujet de l'identité du prochain secrétaire d'État, en parlant de M. Tillerson.

Pour le Québec, une hausse de la production dans l'exploitation des sables bitumineux contribuerait à la bonne fortune de l'économie. Selon le site internet de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, un lobby pro-sables bitumineux, près de 200 entreprises québécoises vendent des biens et services aux sociétés pétrolières actives dans ce secteur d'activité.

ÉNERGIE EST

Mais que peut signifier le choix de Tillerson pour le pipeline Énergie Est, censé apporter le pétrole de l'ouest dans l'est ? Le projet de près de 16 milliards soulève de l'opposition au Québec où l'on craint d'éventuels déversements de pétrole dans une ou l'autre des nombreuses sources d'eau potable que traversera l'oléoduc.

Si certains croient que TransCanada abandonnera Énergie Est si l'entreprise a la chance de construire Keystone XL, ce n'est pas l'opinion de Youri Chassin, chercheur à l'Institut économique de Montréal et auteur d'articles sur l'importance des oléoducs pour la croissance au Québec. « Je n'ai pas l'impression qu'Énergie Est est un plan B », dit-il.

« Pour l'instant il y a beaucoup plus de demandes de transport que de moyens de transport. Qui plus est, les deux pipelines ne desservent pas les mêmes raffineries. »

Reste à voir si le Congrès gâchera la fête des sociétés pétrolières. Les élus pourraient se montrer réticents à entériner la nomination en raison des liens étroits entre M. Tillerson et le régime de Vladimir Poutine, en Russie.