La mauvaise nouvelle : à deux mois de la date butoir, Ottawa et Washington n'ont toujours pas signé de nouvelle entente sur le bois d'oeuvre. La bonne nouvelle : le régime de libre-échange pour le Québec que négocie Ottawa ne fait pas partie des principaux points en litige dans les négociations.

« Ce n'est pas l'enjeu le plus difficile maintenant », dit la ministre fédérale du Commerce international, Chrystia Freeland, en entrevue à La Presse.

Le gouvernement du Québec et l'industrie forestière québécoise réclament un régime de libre-échange pour le Québec, étant donné que la province a modifié son régime forestier pour le rendre plus concurrentiel, notamment avec des enchères sur les terres publiques. 

Ottawa demande à Washington d'avoir un régime de libre-échange ou un régime de quotas plus souple dans les régions où « cela est justifié », comme au Québec.

« C'est l'un des principes dont nous avons parlé avec les Américains. [...] Je pense que je peux dire qu'il y a une bonne compréhension du côté des Américains. » - Chrystia Freeland, ministre fédérale du Commerce international

Lors de la visite du président américain Barack Obama à Ottawa en juin dernier, les deux pays ont indiqué négocier une entente qui imposerait un système de quotas sur le bois d'oeuvre canadien, comme l'entente précédente de 2006 à 2015. Ottawa veut toutefois un régime de libre-échange ou un régime de quotas plus souple pour des provinces comme le Québec qui ont modifié leur régime forestier. 

« Nous travaillons très fort. Nous comprenons la position du Québec, et c'est ma position aussi, mais nous pouvons avoir seulement un accord pour tout le Canada. Il y a beaucoup de travail devant nous avant d'avoir un accord [...] Ce n'est pas possible pour nous de dire que nous avons un accord avant d'avoir un accord total », dit la ministre Freeland.

« Nous nous sommes dotés d'un système qui va au-delà de ce que les Américains nous ont demandé. Nous ne devrions pas être soumis à aucune contrainte commerciale », dit Michel Vincent, économiste en chef du Conseil de l'industrie forestière du Québec, qui représente environ 82 % des ventes de bois d'oeuvre de la province.

ESPOIR D'UN ACCORD D'ICI OCTOBRE

Ottawa a toujours bon espoir de conclure une nouvelle entente avec les Américains avant la date butoir du 13 octobre prochain. « Oui [je garde espoir]. C'est un enjeu très difficile. Nous le savons », dit la ministre Freeland, qui qualifie les discussions dans le dossier cet été de « très ouvertes et vigoureuses ». Ottawa et Washington ont tenu cette semaine leur quatrième séance de négociations de l'été dans ce dossier. « La chose importante, c'est d'avoir un bon accord », dit la ministre Freeland, qui souligne la « bonne volonté » des deux parties dans ce dossier.

De passage au Saguenay cette semaine pour le caucus des députés libéraux, la ministre Freeland en profitera pour rencontrer les travailleurs et le syndicat des employés de Résolu, le plus important producteur de bois d'oeuvre au Québec. La ministre rencontrera aussi le Conseil de l'industrie forestière du Québec.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a abordé la question du bois d'oeuvre avec le président américain Barack Obama lors de la visite d'État à la Maison-Blanche en mars. Lors du Sommet des leaders nord-américains à Ottawa à la fin juin, Ottawa et Washington ont publié une déclaration commune dans laquelle ils indiquaient négocier une future entente avec un système de quotas « conçu pour maintenir le niveau des exportations canadiennes à un certain pourcentage convenu de parts du marché américain ». 

Dans la dernière entente, le bois d'oeuvre canadien représentait de 30 à 34 % de la consommation américaine et le bois d'oeuvre québécois, 4,86 % de la consommation américaine.