L'Office national de l'Énergie donnera le coup d'envoi à ses séances d'information publiques sur l'oléoduc Énergie Est, lundi, au Nouveau-Brunswick - une province où le projet est loin de faire l'unanimité.

Un comité de trois personnes chargées de trancher sur l'avenir du projet de développement de 15,7 milliards présidera les audiences à Saint-Jean, l'endroit où le pétrole arriverait de l'Alberta pour être raffiné sur la côte Est.

En tout, 337 personnes devraient intervenir aux audiences pour se prononcer sur le projet de TransCanada, qui a déjà provoqué des divisions entre ceux qui l'appuient pour ses avantages économiques et ceux qui s'y opposent pour des raisons environnementales.

Stephen Thomas, le coordonnateur de la campagne énergétique du Centre d'action écologique, fera le voyage de Halifax pour offrir une présentation de 20 minutes au premier jour des audiences.

Il prévoit aborder les inquiétudes de la population quant à la possibilité d'un déversement dans les eaux turbulentes de la baie de Fundy. Jusqu'ici, M. Thomas n'a pas été convaincu par le plan d'atténuation de risques de TransCanada.

Selon lui, l'entreprise devra travailler «beaucoup plus fort» pour prouver aux résidants qu'elle réagirait de façon efficace si un déversement survenait.

Il a rappelé que l'oléoduc Énergie Est, qui transporterait 1,1 million de barils de pétrole brut chaque jour, augmenterait les émissions de gaz à effet de serre. Cet enjeu fera toutefois l'objet d'une évaluation distincte du gouvernement fédéral.

Roger Hunka, le directeur des affaires intergouvernementales au Conseil des peuples autochtones des Maritimes, a pour sa part soumis 16 questions détaillées avant son intervention, prévue mardi.

Son organisation n'est pas contre le développement si le projet est bien planifié et bien expliqué, a-t-il indiqué. Mais selon lui, TransCanada n'a pas bien fait son travail de ce côté.

«TransCanada, selon mon expérience, a adopté une approche méprisante envers les citoyens. Quand il est question du public, elle ne s'en soucie pas», a-t-il soutenu.

M. Hunka s'inquiète principalement des impacts potentiels d'un déversement sur l'environnement, ainsi que sur la chasse et la pêche.

Le porte-parole de TransCanada, Mark Cooper, a assuré que l'entreprise était résolue à informer le public sur toutes les facettes du projet.

«La communication, la transparence, la responsabilité et l'ouverture aux communautés locales sont fondamentales pour bâtir la confiance et l'acceptabilité de notre projet», a-t-il souligné.

«Une communication réciproque, ouverte et le partage d'information avec les communautés autochtones sont essentiels pour construire un meilleur (oléoduc) Énergie Est», a-t-il ajouté.

Selon M. Cooper, TransCanada a organisé plus de 3200 rencontres avec 166 communautés autochtones de partout au pays depuis 2013 - dont 16 au Nouveau-Brunswick.

Malgré tout, les projets gaziers et pétroliers demeurent controversés dans la province qui a été le théâtre de plusieurs affrontements liés au développement des ressources naturelles.

En octobre 2013, une manifestation à Rexton a tourné au vinaigre alors que certains manifestants avaient lancé des cocktails Molotov. Au moins cinq voitures de police avaient été détruites et des dizaines de personnes avaient été arrêtées.

Plusieurs entreprises et intervenants du milieu des affaires appuient toutefois le projet.

Joel Richardson, de l'organisation Manufacturiers et Exportateurs du Canada, exprimera son soutien au projet et il encourage les entreprises locales à profiter de cette occasion.

Les audiences de l'ONÉ se tiendront dans neuf autres villes du Canada. Elles devraient se conclure en décembre à Kingston, en Ontario.

Les recommandations de l'Office sur le projet seront remises au gouvernement fédéral d'ici le 16 mars 2018.