Le premier ministre Philippe Couillard, selon qui il est «terrible» de prélever l'eau des rivières sur l'île d'Anticosti, a soutenu vendredi qu'il est sur la même longueur d'onde que son ministre David Heurtel, pour qui l'opération est «minime» et «acceptable».

M. Couillard n'a vu aucune contradiction entre ses propos et ceux du ministre de l'Environnement, tenus à quelques jours d'écart, au sujet des activités d'exploration d'hydrocarbures sur l'île, dans l'estuaire du Saint-Laurent.

«En fait, on a un discours qui est le même tout le monde, on est pris avec un contrat que vous connaissez, il faut l'exécuter, on l'exécute pleinement», a-t-il dit dans un point de presse clôturant une mission en Europe.

Mercredi, lors d'une étape à Hambourg, M. Couillard a jugé qu'il était «terrible» de prélever 30 millions de litres d'eau dans une rivière à saumons, une opération pourtant approuvée par le ministère de l'Environnement.

Une semaine plus tôt, à Québec, M. Heurtel avait minimisé l'impact de cette opération de la coentreprise Hydrocarbures Anticosti, dont le gouvernement est un partenaire financier avec la société Pétrolia.

Selon le ministre, «cet impact a été jugé acceptable au niveau de l'analyse scientifique qui en a été faite».

Questionné sur cet écart, M. Couillard soutenu qu'il n'y avait aucune différence dans sa perception et celle de M. Heurtel.

«C'est la même», a-t-il dit.

Par ailleurs, la ministre de l'Économie, Dominique Anglade, a refusé de se rétracter au sujet de la situation financière du projet d'exploration, malgré une demande de Pétrolia, vendredi.

Mme Anglade, qui était au point de presse de M. Couillard, a cependant apporté une nuance en précisant que ce n'est pas Hydrocarbures Anticosti qui dispose des moyens financiers, mais Ressources Québec, une filiale d'une société d'État.

«Ils ont tout ce qu'il faut, maintenant il faut qu'ils prennent la décision sur le budget, a-t-elle dit. Ils ont tout ce qu'il faut, Ressources Québec a les moyens, les partenaires ont les moyens.»

M. Couillard a expliqué qu'il souhaite conserver une distance avec les activités d'Hydrocarbures Anticosti, même s'il a mandaté un observateur de son ministère, le Conseil exécutif, pour suivre sa gestion.

«On ne veut pas nécessairement être impliqué quotidiennement dans la gestion de l'entreprise, on est là dans les grands rendez-vous stratégiques, a-t-il dit. Mais ce qu'on souhaite surtout, compte tenu de tout le contexte de ce projet, c'est que le contrat soit exécuté à la lettre, ce qui est le cas, les ressources financières sont là.»

Le président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, a soutenu vendredi que Mme Anglade ne pouvait pas affirmer, comme elle l'a fait jeudi, que la coentreprise «Hydrocarbures Anticosti dispose de toutes les ressources financières pour effectuer ses travaux de forage prévus cet été».

«Nous demandons que Mme Anglade se rétracte publiquement de ses affirmations relatives à la capacité financière de HASEC et au désir du gouvernement du Québec que le programme d'exploration se réalise au cours de l'été 2016», a-t-il dit.

M. Gagnon soutient que cette déclaration a d'ailleurs été démentie par le président-directeur général d'Investissement Québec, Pierre Gabriel Côté, qui a reconnu que le budget des travaux n'avait pas été adopté.

Pétrolia a demandé cette semaine une ordonnance judiciaire qui forcerait Ressources Québec, une filiale d'Investissement Québec, et l'entreprise Saint-Aubin, un autre partenaire, à verser à Hydrocarbures Anticosti respectivement 7,26 millions $ et 5,55 millions $.

Dans une déclaration transmise vendredi par courriel, M. Gagnon a demandé à Mme Anglade de corriger le tir car ses propos contredisent les déclarations de l'avocat de Ressources Québec devant le tribunal cette semaine.

«Dans le cas contraire, et par souci de cohérence et d'intégrité, nous n'aurons d'autre choix que de rendre la transcription des audiences judiciaires accessible au public afin de supporter nos dires et de rétablir les faits», a-t-il écrit.