Malgré les négociations « intensives » des 100 derniers jours, « de grands différends persistent » entre le Canada et les États-Unis dans le dossier du bois d'oeuvre. L'ambassadeur américain au Canada Bruce A. Heyman dit tout de même avoir bon espoir que les deux parties parviennent éventuellement à conclure une nouvelle entente sur le sujet.

« Historiquement, nous avons été capables de négocier plusieurs ententes [...] Je suis confiant qu'en continuant notre bon travail, nous trouverons une façon de conclure une autre fois une entente », dit l'ambassadeur, en entrevue à La Presse. « Le concept en jeu, c'est quand il y a une subvention du gouvernement, ça crée un avantage injuste, dit-il. [...] Dans ce cas particulier [du bois d'oeuvre], une quantité importante de bois croît sur des terrains gouvernementaux, ce qui crée un avantage injuste. C'est pourquoi ces différends sont apparus sur une longue période de temps. »

Lors de sa visite d'État à Washington en mars dernier, le premier ministre Justin Trudeau et le président Barack Obama ont demandé à leurs représentants d'intensifier les discussions. La dernière entente sur le bois d'oeuvre a pris fin en octobre dernier, mais elle prévoyait un an de libre-échange (jusqu'en octobre 2016) avant de pouvoir recourir aux tribunaux commerciaux.

Hier, Ottawa et Washington ont publié une déclaration commune soulignant les « importants progrès réalisés dans l'étude des questions clés et des priorités » au cours de ces « consultations intensives » des 100 derniers jours. Les deux pays « sont déterminés à poursuivre les négociations » malgré leurs « grands différends » dans ce dossier.

Ce dernier n'a pas voulu entrer dans les détails précis des négociations, notamment à savoir si les États-Unis reconnaissent le caractère plus concurrentiel du nouveau régime forestier du Québec basé notamment sur des enchères dans les forêts publiques qui est entré en vigueur en 2013.

PLUSIEURS SCIERIES POURRAIENT FERMER LEURS PORTES

Sans une nouvelle entente, l'analyste financier Paul Quinn, de RBC Marchés des capitaux, croit que l'imposition de tarifs douaniers sur les exportations canadiennes forcera plusieurs scieries à fermer leurs portes. Sans entente, M. Quinn s'attend à ce que les États-Unis imposent une taxe d'au moins 25 % sur le bois d'oeuvre canadien à compter de la moitié de 2017, écrit-il dans un rapport publié hier.

La question du bois d'oeuvre sera de nouveau abordée le 29 juin lors du sommet des leaders d'Amérique du Nord, qui réunira à Ottawa le premier ministre canadien Justin Trudeau, le président américain Barack Obama et le président mexicain Enrique Peña Nieto. Avec les signaux envoyés hier par Washington et Ottawa, la conclusion d'une entente serait extrêmement étonnante.

UN SOMMET À MONTRÉAL À L'AUTOMNE

Les relations canado-américaines ne se résument cependant pas au dossier du bois d'oeuvre. De demain à mardi, l'ambassadeur des États-Unis au Canada Bruce A. Heyman accompagnera une délégation de 108 entreprises canadiennes au sommet d'investissement SelectUSA à Washington. Le Canada sera la deuxième délégation en importance après la Chine, de ce sommet organisé par le gouvernement américain afin de promouvoir les investissements aux États-Unis. Un deuxième sommet SelectUSA pour promouvoir spécifiquement les investissements canadiens aux États-Unis aura lieu à Montréal l'automne prochain.

Même si le protectionnisme est l'un des thèmes de la campagne présidentielle, l'administration Obama veut attirer des investissements étrangers en sol américain.

« Je veux que les Canadiens comprennent que nous sommes ouverts pour faire des affaires, que nous sommes un endroit intéressant pour investir, dit l'ambassadeur Heyman. Ne vous laissez pas distraire par la rhétorique politique. Sur le terrain, nous faisons beaucoup d'affaires ensemble. [...] Nous [les États-Unis] sommes la plus importante économie du monde, nous faisons des affaires avec presque tous les pays au monde, et notre plus grand partenaire économique est le Canada. »

- Avec La Presse Canadienne