Pour la troisième séance consécutive, les cours pétroliers ont fini mercredi au plus haut de l'année, après l'annonce d'une baisse des réserves américaines de brut, tandis que persistaient les inquiétudes sur la production au Nigeria.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a pris 87 cents à 51,23 dollars sur le New York Mercantile Exchange, terminant, comme à chaque fois depuis le week-end, à un niveau sans précédent depuis juillet.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a avancé de 1,07 dollar à 52,51 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), terminant lui aussi pour la troisième séance de suite au plus haut de 2016.

Le marché pétrolier a poursuivi mercredi sa hausse pour «deux raisons», a estimé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.

«La première et, je crois, la plus importante, c'est que les violences persistent au Nigeria et privent le marché d'une partie de l'offre», a-t-il estimé.

Les Vengeurs du delta du Niger (NDA), groupe rebelle nigérian ayant mené plusieurs attaques contre des installations pétrolières depuis février, ont rejeté mercredi une offre de pourparlers par le gouvernement, tout en revendiquant une nouvelle frappe.

Selon des chiffres officiels, la recrudescence des attaques a fait chuter la production de brut à 1,6 million de barils par jour (bj), bien en deçà des 2,2 millions prévus dans le budget 2016, dans le pays, principal producteur africain de pétrole avec l'Angola.

Ces problèmes ont des conséquences sur l'ensemble du marché, car «il ne reste plus beaucoup de capacités de stockage au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)», ce qui empêche d'autres producteurs du cartel de prendre le relais du Nigeria, a remarqué Mike Lynch, de Strategic Energy & Economic Research. «Tant que ce sera le cas, les investisseurs vont se concentrer sur ces problèmes d'offre.»

Dollar faible

Second grand facteur de soutien mercredi, les marchés ont pris connaissance d'une baisse hebdomadaire conséquente des réserves de brut aux États-Unis, puisqu'elles ont décliné de plus de trois millions de barils, selon les chiffres du département de l'Énergie (DoE).

«Les raffineries accélèrent la cadence aux États-Unis et cela commence à se faire sentir par une baisse des stocks» de brut, a expliqué M. Lipow. «Cette tendance devrait continuer jusqu'à la fin de l'été, car les raffineries ont achevé leur saison de maintenance, et augmenter la demande de brut.»

D'autres éléments étaient toutefois moins encourageants comme une hausse de la production, la première depuis trois mois, et de nettes progressions des stocks d'essence et de produits distillés, tel le fioul.

«Pris dans leur ensemble, les stocks de produits pétroliers ont augmenté de 3,2 millions de barils, ce qui va à l'encontre de la lecture majoritairement optimiste du marché» face aux chiffres du DoE, a prévenu dans une note Tim Evans, de Citi.

Tout en notant que les cours avaient aussi profité d'un nouvel affaiblissement du dollar, favorable au marché pétrolier puisque les échanges sont libellés en monnaie américaine, M. Evans prévenait que les investisseurs risquaient de s'aveugler par leurs paris à la hausse.

«Ils contribuent à mettre en avant de façon étroite les éléments favorables sur le marché, sans prendre pleinement en compte la situation réelle, qui n'est pas meilleure qu'il y a un mois», a-t-il jugé.