Les cours pétroliers ont baissé vendredi malgré la baisse du dollar, dans un marché refroidi par de mauvais chiffres de l'emploi américain, jugés inquiétants pour les perspectives de la demande alors que l'offre reste excédentaire.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juillet a perdu 55 cents à 48,62 dollars sur le New York Mercantile Exchange.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a reculé de 40 cents à 49,64 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Le fort ralentissement des créations d'emplois aux États-Unis, au plus bas depuis septembre 2010 avec seulement 38 000 embauches nettes en mai au lieu de 155 000 attendues, «soulève sérieusement la question des perspectives de la demande américaine (d'or noir) étant donné que les données sur l'emploi ne montrent aucun signe de confirmation du processus tant attendu d'accélération de la reprise économique au deuxième trimestre», a noté Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

Du côté de l'offre, certes «la production américaine continue de baisser», comme l'a confirmé jeudi le ministère de l'Énergie, mais «l'excès de production (dans l'ensemble du monde) continue de peser», a noté Gene McGillian, chez Tradition Energy.

D'autant que, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a confirmé jeudi que «le cartel va pomper tout le pétrole qu'il peut pour préserver ses parts de marché», a précisé M. McGillian, et que la production des sables bitumineux canadiens va se rétablir après les incendies qui ont ravagé en mai la ville de Fort McMurray (Alberta).

Tim Evans, chez Citi, a aussi noté que la compagnie ExxonMobil avait levé son avis de force majeure sur les exportations de brut nigérian, interrompues par des attaques de mouvements rebelles ces dernières semaines. «Si la production nigériane reprend son rythme habituel de 2 million de barils par jour, cela pousserait la production totale de l'OPEP à 33 millions de barils par jour ou plus, retardant encore le rééquilibrage du marché», notait M. Evans.

Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix, était toutefois plus circonspect, estimant que «l'offre nigériane devrait être le sujet de conversation au retour des investisseurs lundi» si, comme il s'y attend, de nouvelles attaques ont lieu dans les prochains jours.

Enfin, mauvaise nouvelle supplémentaire pour les investisseurs souhaitant voir une meilleure adéquation de l'offre et de la demande, la société de services pétroliers Baker Hughes a annoncé vendredi qu'il y avait 9 puits en activité de plus cette semaine aux États-Unis qu'à la fin mai.

De quoi donner corps aux avertissements de certains analystes ayant prédit dernièrement que la remontée des cours, qui ont presque doublé depuis la mi-février, pourrait convaincre certains producteurs de relancer le pompage.

Dans ce contexte, la chute du dollar, due à ce que les mauvais chiffres de l'emploi ont douché les attentes d'une hausse imminente des taux d'intérêt aux États-Unis, est passée presque inaperçue. Elle avantage pourtant les acheteurs de brut munis d'autres devises, puisque les échanges sont libellés en billets verts.