Le gouvernement Couillard n'a pas l'intention de rouvrir l'entente signée par Alcoa afin de lui octroyer des tarifs énergétiques plus bas pour son aluminerie de Bécancour, dans le Centre-du-Québec.

Dans le cadre de son entente signée en 2014 avec Hydro-Québec, la multinationale a déjà bénéficié de révisions à la baisse l'an dernier, a affirmé jeudi la ministre de l'Économie, Dominique Anglade.

« Je pense que le système que nous avons en place avec Alcoa est parfaitement équitable », a-t-elle expliqué, en marge d'une annonce économique chez Bell Helicopter, à Mirabel, dans les Laurentides.

En dépit de son entente d'approvisionnement avec la société d'État, la multinationale allègue que son usine de Béancour présente la facture énergétique la plus élevée parmi ses alumineries au pays, et juge que cette situation ne peut plus durer.

En entrevue avec La Presse Canadienne mercredi, le président d'Alcoa Groupe Produits primaires, Roy Harvey, s'était montré évasif quant à l'avenir de l'aluminerie faute d'une entente.

Celui-ci avait laissé entendre qu'Alcoa n'écartait « aucun scénario » en réponse à une question visant à déterminer si la fermeture de l'usine de Bécancour, où travaillent quelque 1000 syndiqués, pouvait être envisagée.

« Je ne suis pas inquiète présentement », a pour sa part répondu la ministre de l'Économie à ce sujet.

Après avoir menacé de quitter la province en 2013, Alcoa avait conclu une nouvelle entente d'approvisionnement avec Hydro-Québec jusqu'en 2030 pour ses alumineries de Bécancour, Deschambault et Baie-Comeau.

Or, les tarifs varient d'une aluminerie à l'autre, plaide M. Harvey, et l'usine de Bécancour n'est pas rentable, notamment dans le contexte où le prix de la tonne métrique d'aluminium oscille aux alentours de 1500 $ US.

« Moi, je ne vois pas la nécessité de rouvrir quoi que ce soit, a affirmé M. Anglade, qui n'a pas voulu commenter la stratégie de négociation employée par la multinationale. Nous n'envisageons pas de changements. »

Si M. Harvey dit avoir plaidé sa cause auprès du premier ministre Philippe Couillard au Forum économique de Davos en janvier dernier, Mme Anglade, elle, dit ne pas avoir entendu parler de cette situation.

Alcoa désire obtenir de nouveaux tarifs d'ici sa scission, prévue plus tard cette année. La multinationale doit se diviser en deux entreprises distinctes - une qui se concentrera sur la production d'aluminium et une autre sur les produits fabriqués pour les industries automobile et aéronautique.

Le syndicat étonné

La sortie du haut dirigeant d'Alcoa a par ailleurs déplu aux syndiqués de Bécancour, représentés par les Métallos, qui se sont montrés étonnés de la stratégie déployée par la multinationale.

Ceux-ci ont appris par l'entremise des médias que l'entreprise tentait d'obtenir une réduction de la facture énergétique de son aluminerie située dans le Centre-du-Québec.

« Cela fait deux fois qu'Alcoa utilise des menaces, nous, on ne trouve pas cela normal, a expliqué le président de la section locale 9700 des Métallos, Clément Masse. C'est décevant parce que cela met de la pression sur les travailleurs et leurs familles. »

Le président syndical croit cependant qu'il ne s'agit que de « menaces en l'air » et serait très surpris de voir l'aluminerie de Bécancour fermer ses portes.

M. Masse estime en outre que l'usine devrait avoir droit aux mêmes tarifs que celles de Deschambault et de Baie-Comeau, mais qu'il devrait y avoir des conditions.

« Nous estimons que d'éventuels rabais devraient être assortis de garanties en matière de sécurité d'emploi et d'investissement, a expliqué le président syndical. Je me demande si le gouvernement est frileux là-dessus en négociant des tarifs. »