L'Ontario a adopté mercredi le projet de loi qui officialise son entrée dans le Système de plafonnement et d'échange de droits d'émissions (Spede), communément appelé «bourse du carbone», et la province rejoindra ainsi le Québec et la Californie dès janvier prochain.

Cette nouvelle initiative pour lutter contre les changements climatiques devrait se traduire, pour les consommateurs ontariens, par une hausse d'environ 5 $ par mois de la facture de chauffage résidentiel et par une augmentation d'environ 4,3 cents du prix du litre d'essence.

En vertu de ce système, l'État accorde aux industries un plafond d'émissions de gaz à effet de serre (GES). Si des entreprises ne dépassent pas leur plafond, elles peuvent vendre ensuite, sur le marché des GES, leurs surplus à des entreprises qui auraient, elles, dépassé leur seuil. Les entreprises ont donc tout intérêt à réduire leurs émissions.

En Ontario, certaines grosses industries bénéficieront toutefois d'une exemption de plafond de quatre ans - une mesure nécessaire, selon le gouvernement, afin de protéger les emplois dans des secteurs hautement concurrentiels, où certaines compagnies à l'extérieur de la province ne sont pas soumises à de telles règles.

Le gouvernement ontarien prévoit tenir sa première enchère de droits d'émissions au début de 2017, et compte en tirer des recettes de 1,9 milliard $ par année. Les libéraux de Kathleen Wynne promettent que ces sommes serviront à aider les citoyens et les entreprises à réduire leur empreinte écologique.

La Chambre de commerce de l'Ontario a demandé cette semaine au gouvernement de reporter d'un an la mise en oeuvre de ce système, le temps de préciser comment cet argent sera par la suite investi. L'opposition progressiste-conservatrice à Queen's Park appuie le principe d'imposer un juste prix au carbone, mais soutient que cette mesure devrait être à incidence budgétaire neutre, et que les libéraux utiliseront en fait cet argent pour équilibrer le budget.

Le Système de plafonnement et d'échange de droits d'émissions constitue un des éléments de la stratégie du gouvernement Wynne pour lutter contre les changements climatiques; les autres volets de cette stratégie seront annoncés d'ici quelques semaines. Les libéraux espèrent limiter les émissions de GES à environ 142 tonnes métriques par année en 2017, et réduire ce seuil de 4,17 pour cent par année jusqu'en 2020. À ce moment, ils espèrent avoir atteint leur cible de réduction de 15 pour cent d'émissions sous les niveaux de 1990.

Le Manitoba a signé une lettre d'entente, lors de la conférence climatique de Paris en décembre, pour se joindre au système mis en place par le Québec et la Californie. Cette province limitera cependant le Spede aux 20 plus grands pollueurs. L'Alberta et la Colombie-Britannique ont plutôt opté pour l'imposition d'une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre.