Les cours pétroliers sont nettement repartis de l'avant lundi, certains analystes se risquant à annoncer la fin du déséquilibre entre l'offre et la demande.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a bondi de 1,51 dollar à 47,72 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au plus haut depuis six mois et demi.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a gagné 1,14 dollar à 48,97 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), également son niveau de clôture le plus élevé depuis début novembre.

Beaucoup d'analystes ont mis cette hausse, qui a largement fait oublier une petite prise de bénéfices vendredi, sur le compte d'un nouveau rapport de la banque Goldman Sachs.

«Le rééquilibrage physique du marché pétrolier a enfin commencé. Alors que l'offre et la demande ont dépassé les attentes au premier trimestre, laissant une surproduction de 1,4 million de barils par jour, nous pensons que le marché est probablement devenu déficitaire en mai», lisait-on dans ce rapport.

Goldman Sachs précisait que ce rééquilibrage intervenait avec un trimestre d'avance sur ce que ses analystes avaient anticipé en mars, en raison à la fois d'«une demande toujours forte et d'une production en net déclin» dans plusieurs pays.

Dans un tel contexte, «tous les accrocs même mineurs du côté de l'offre ont plus d'importance», a souligné Phil Flynn, chez Price Futures Group, «maintenant quand il se passe quelque chose en Algérie ou en Libye cela a plus d'impact».

Du côté des problèmes de production, Tim Evans, chez Citi, a évoqué «une grève potentielle qui pourrait ajouter aux problèmes au Nigeria», théâtre depuis plusieurs jours de problèmes d'oléoducs, et le fait que le Venezuela soit désormais en état d'urgence, alors que la région des sables bitumineux au Canada devait encore gérer les suites des gigantesques incendies près de Fort McMurray du début du mois.

«Des accrocs provisoires, mais à répétition ont plus que compensé la production plus forte que prévu de l'Iran et de l'Irak», faisait valoir Goldman Sachs, relevant en outre que les problèmes de production au Nigeria avaient des chances de durer.

crainte de correction

Du côté américain, «on entre dans une période où on devrait voir baisser les stocks de brut, un peu plus tôt que d'habitude» au vu des chiffres publiés la semaine dernière par le ministère de l'Énergie, qui ont fait étant d'un premier déclin inattendu, ce qui est de bon augure pour les semaines qui viennent, selon Mike Dragosits, chez TD Securities.

Traditionnellement à la fin du printemps et au début de l'été les raffineries américaines consomment beaucoup de brut pour produire l'essence utilisée pour les déplacements en voiture.

Le mouvement d'appréciation des cours avait déjà été alimenté la semaine dernière par une série de rapports mensuels de grands organismes, dont le département américain de l'Énergie (DoE) et l'Agence internationale de l'Énergie (AIE), particulièrement optimiste sur un rééquilibrage du marché d'ici la fin de l'année.

Vendredi, l'OPEP avait estimé qu'en raison de «signes convergents de baisses de production des pays hors OPEP», le marché devrait se retourner et se trouver en déficit net de l'offre par rapport à la demande en 2017.

Cependant, «il est important de garder à l'esprit» que de leur côté, «les membres de l'OPEP semblent toujours loin d'être d'accord sur la moindre diminution ou un gel de la production et cela devrait pour l'instant empêcher les cours d'atteindre 50 dollars le baril», prévenait Jameel Ahmad, analyste chez FXTM.

Tim Evans, de son côté, mettait en garde contre un possible retour de balancier: «certes le marché est enclin à la hausse et on assiste probablement à certains rééquilibrages de paris pris à la baisse, mais nous pensons qu'il y a trop d'achats et que le marché est vulnérable à un mouvement de correction», faisait-il valoir.