Les cours du pétrole ont nettement monté mardi, effaçant leur nette baisse de la veille, sur fond de perturbation de l'offre dans plusieurs pays producteurs.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a repris 1,22 dollar à 44,66 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), soit exactement ce qu'il avait perdu la veille.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a gagné 1,89 dollar à 45,52 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Les investisseurs les plus optimistes se remettent à croire au potentiel de hausse du marché, sur la base de récentes perturbations au niveau de la production», a résumé dans une note Tim Evans, de Citi.

D'abord, les fluctuations des cours reflètent l'aspect mitigé du premier bilan des incendies massifs au Canada, qui ne semblent certes pas avoir gravement endommagé les installations pétrolières mais ont pour l'heure diminué la production locale d'au moins un million de barils par jour (mbj).

«Même si les compagnies pétrolières prévoient au moins de remettre à leur poste des employés d'ici la fin de la semaine, la production pourrait mettre au moins deux ou trois semaines pour reprendre complètement», a prévenu M. Evans, jugeant néanmoins limité le potentiel de hausse des cours.

Déjà attentivement surveillés d'habitude par les investisseurs, les chiffres hebdomadaires sur l'état de l'offre aux États-Unis, dont le Canada est le premier fournisseur étranger, vont à ce titre prendre une importance particulière.

«Le marché s'attend à une baisse des réserves, notamment à Cushing», terminal qui sert de référence au WTI, a rapporté Bart Melek, de TD Securities, prévenant toutefois que cela exposait les cours à un risque de déception si ces déclins ne se concrétisent pas autant que prévu.

L'American Petroleum Institute (API) publiera ses chiffres mardi après la clôture, avant la publication le lendemain des statistiques officielles du département de l'Énergie (DoE).

Oléoducs crevés

Le Canada n'était pas le seul pays à dominer l'attention des investisseurs, puisque les analystes évoquent aussi les conséquences persistantes des troubles en Libye et, surtout, une récente aggravation des problèmes au Nigeria, premier exportateur africain de pétrole.

«Le sabotage de l'oléoduc de Forcados, destiné aux exportations, a substantiellement réduit les chargements de pétrole», a écrit Matt Smith, de ClipperData.

Un groupe rebelle inconnu jusqu'ici a revendiqué en fin de semaine dernière l'explosion d'une installation offshore du groupe pétrolier américain Chevron dans le delta du Niger, dans le sud du pays, ce qui a provoqué la fermeture de cette plateforme et infligé à la compagnie la perte de quelque 35 000 barils par jour de production.

«On craint de plus en plus que les violences s'accentuent, avec ce nouveau groupe dans la région», a précisé M. Smith, notant que la compagnie publique nigériane avait déjà fait état de plus de 3000 crevaisons sur les oléoducs du pays lors des douze mois s'étant achevés fin mars.

Selon des statistiques publiées par l'agence Bloomberg, le Nigeria a vu sa production de pétrole plonger à son plus bas niveau depuis 22 ans, à moins de 1,7 million de barils par jour, notamment à cause de la recrudescence des attaques de rebelles militant pour une meilleure redistribution des revenus de l'or noir dans le delta du Niger.