La baisse de l'activité dans les sables bitumineux provoquée par les incendies de forêt à Fort McMurray n'a pas eu de répercussions marquées sur l'approvisionnement de brut au Québec.

Pour le moment, les raffineries de Suncor, dans l'est de Montréal, et d'Énergie Valero, à Lévis, n'ont pas eu à se tourner vers d'autres fournisseurs d'or noir, ont indiqué lundi les deux entreprises.

Depuis l'inversion du flux de l'oléoduc 9B, ces deux raffineries s'approvisionnent principalement auprès de la canalisation de 639 kilomètres, qui achemine entre autres du pétrole des sables bitumineux albertains.

«Même si la production a diminué sur certains de nos sites, nous prévoyons une incidence minimale sur notre capacité de raffinage», s'est limitée à dire une porte-parole de Suncor [[|ticker sym='SU.TO'|]] , Erin Rees.

La raffinerie de Montréal-Est, qui peut quotidiennement traiter jusqu'à 135 000 barils par jour, compte quelque 410 employés permanents et plus de 200 travailleurs contractuels.

D'après de récents documents financiers de Suncor, le brut des sables bitumineux de l'Alberta représente environ 30 pour cent de l'approvisionnement de ses installations dans la métropole. Ce pétrole lourd raffiné est entre autres destiné à la production d'asphalte. La raffinerie reçoit également du pétrole par trains et bateaux.

Le syndicat Unifor, qui représente les travailleurs, n'a pas entendu parler de mises à pied à Montréal-Est, ce qui a également été corroboré par Suncor.

Du côté de Valero, l'oléoduc 9B achemine, par l'entremise de son terminal montréalais, près de la moitié des 265 000 barils raffinés chaque jour à sa raffinerie Jean-Gaulin, qui compte 500 employés permanents.

L'entreprise n'a pas voulu précisément indiquer la quantité de pétrole reçu des sables bitumineux de l'Alberta.

«Nous vivons dans un environnement très concurrentiel, ce sont des chiffres que nous ne pouvons par fournir précisément» a indiqué le conseiller aux affaires publiques et gouvernementales de Valero, Martin Lévesque.

Une fois arrivé à son terminal de Montréal-Est - où 70 personnes y travaillent - depuis le pipeline de la Ligne 9, Valero achemine le brut jusqu'à sa raffinerie Jean-Gaulin par l'entremise de deux navires.

Depuis son inversion du tronçon entre Montréal et Sarnia, en Ontario, la Ligne 9B permet notamment d'acheminer entre 240 000 et 300 000 barils de pétrole par jour vers les raffineries du Québec.

Enbridge [[|ticker sym='ENB.TO'|]] , qui exploite l'oléoduc dit ne pas avoir reçu de demandes en ce qui a trait à l'augmentation de la capacité de la canalisation vieille de 40 ans.

Si la situation l'exige, Valero est toutefois en mesure de se tourner rapidement vers d'autres fournisseurs pour assurer le maintien des activités à sa raffinerie de Lévis, a assuré son porte-parole.

Selon certains analystes, les incendies de forêt à Fort McMurray et dans les environs pourraient avoir réduit de moitié la production des sables bitumineux canadiens. Nick Lupick, d'Altacorp Capital, a estimé que jusqu'à 1,25 million de barils de pétrole par jour avaient été soustraits de la capacité totale de l'industrie.

D'après les calculs de l'Office national de l'énergie (ONÉ), le secteur des sables bitumineux a produit environ 2,5 millions de barils par jour en janvier et février.

Lundi, la filiale canadienne du géant norvégien Statoil est devenue la plus récente compagnie à interrompre ses activités d'exploitation dans les sables bitumineux. La production quotidienne du projet Leismer est évaluée à 20 000 barils.