Les cours du pétrole brut ont fini une nouvelle fois en nette baisse mardi, victimes d'un dollar stabilisé et d'inquiétudes pour la demande face à une offre dont la modération tarde à se concrétiser.

Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en juin a perdu 1,13 dollar à 43,65 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a perdu 86 cents à 44,97 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Il ne se passe pas grand-chose du côté des données fondamentales, mais le dollar est monté ce matin (...) ce qui a beaucoup contribué à faire baisser l'ensemble des matières premières», a expliqué Bart Melek, chez TD Securities.

«Il y a aussi un regain d'inquiétudes pour la demande» après des chiffres décevants dans le secteur manufacturier aux États-Unis et en Chine, les deux plus gros consommateurs de pétrole, a-t-il dit.

L'indice des directeurs d'achat (PMI), calculé par un cabinet de recherche lié au groupe de média Caixin, a fait état d'une nouvelle contraction de l'activité manufacturière en Chine en avril, contredisant un indicateur gouvernemental publié dimanche.

L'activité manufacturière aux États-Unis avait pour sa part affiché un ralentissement dans l'indice des directeurs d'achat de ce secteur publié lundi par l'association professionnelle ISM.

«Avec le ralentissement du côté manufacturier et l'inversion de la tendance du dollar, on ne doit pas beaucoup s'étonner que, dans un contexte d'excédents, on aille vers le bas de la fourchette de l'évolution», a ajouté M. Melek.

Après être descendu à un plus bas depuis août 2015 face à l'euro mardi matin, le dollar s'est un peu ressaisi face à la monnaie unique, comme face à un panier de devises.

Or, tout renchérissement du dollar pèse sur les cours en pénalisant les acheteurs munis d'autres devises, puisque les échanges sont libellés en billets verts.

Le schiste surveillé

Par ailleurs, le marché anticipait une nouvelle augmentation des stocks de brut aux États-Unis. L'association professionnelle American Petroleum Institute (API) devait publier en soirée son estimation hebdomadaire sur la progression des réserves américaines de brut, avant les chiffres officiels du département américain de l'Énergie (DoE) attendus mercredi.

Selon M. Melek, les quantités de brut aux États-Unis devraient avoir encore un peu progressé, tout comme celles de produits distillés, mais dans une mesure bien moindre que la semaine dernière.

Pour ce qui est de la production, les derniers chiffres sur la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en avril, publiés par les agences Bloomberg et Reuters, sont proches des niveaux record de janvier, notamment en raison de l'Iran et de l'Irak, qui ont nettement augmenté leur production le mois dernier.

En Russie la production a très légèrement fléchi en avril, tout en restant très proche du niveau record de mars, ont indiqué les experts de Commerzbank.

Enfin plusieurs analystes ont évoqué le risque que la production américaine reparte à la hausse.

«Les prix approchent désormais le niveau symbolique auquel la fracturation hydraulique redevient un concurrent viable», relevait Michael van Dulken, analyste chez Accendo Markets.