Les cours du pétrole ont légèrement monté jeudi à New York et baissé à Londres, freinés par une hausse des réserves américaines d'or noir, dans un marché qui tentait toujours d'évaluer les chances d'une stabilisation concertée de l'offre entre grands pays producteurs.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars, qui a repris près de cinq dollars depuis une semaine, a pris 11 cents à 30,77 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a reculé de 22 cents à 34,28 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Ce sont les chiffres publiés aujourd'hui par le département (américain) de l'Énergie (DoE) qui ont pesé sur le marché», a estimé Bob Yawger, de Mizuho Securities.

Alors que les cours du pétrole montaient nettement avant le rapport hebdomadaire du DoE sur l'offre américaine - publié un jour plus tard que d'habitude car lundi était férié aux États-Unis -, ils se sont vite repliés après l'annonce d'une hausse des stocks de brut à un niveau sans précédent depuis que le gouvernement américain a commencé en 1982 à diffuser des données chaque semaine.

Non seulement «les réserves de brut sont à un niveau historiquement élevé», dans l'ensemble des États-Unis, «mais c'est aussi le cas dans le terminal de Cushing», qui sert de référence au cours du WTI, «et pour les stocks d'essence», a souligné M. Yawger.

Toutefois, même si ces données sont défavorables dans un contexte de surabondance mondiale qui a récemment plombé le marché au plus bas depuis 2003, «elles n'ont pas suffi à franchement orienter les cours dans le rouge», a-t-il remarqué, y voyant «l'effet prolongé des réunions des deux derniers jours au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)».

Premier pas

La semaine a en effet d'abord été marquée par un accord de gel de la production mardi entre l'Arabie saoudite, membre dominant du cartel, et la Russie, qui n'en fait pas partie, avant que l'Iran tienne des propos relativement conciliants sur le sujet le lendemain à l'occasion d'une réunion avec d'autres producteurs du cartel.

Alors que l'attitude de l'Iran reste une grande inconnue car il compte profiter de la levée de sanctions pour faire son retour sur le marché pétrolier international, son ministre du Pétrole, Bijan Namadar Zanganeh a assuré qu'il soutiendrait toute mesure visant à stabiliser les prix.

«Tout ce que l'Iran a dit, c'est qu'il serait heureux d'assister à un gel chez les autres... Mais pas qu'il compte y participer», a cependant commenté Kyle Cooper, de IAF Advisors, exprimant un scepticisme largement répandu chez les observateurs.

Pour la plupart des analystes, le gel de la production sur lequel se sont non seulement accordés la Russie, l'Arabie saoudite, mais aussi le Qatar et le Venezuela, n'est pas suffisant pour relancer un marché qui a surtout besoin d'une baisse de l'offre.

«Comme l'a noté Fatih Birol, directeur de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE), l'accord n'a de valeur que comme point de départ d'un processus susceptible de conduire à quelque chose de plus encourageant - même si cela risque de se heurter à des obstacles politiques», a estimé Tim Evans, de Citi.

Depuis la mi-2014, les cours ont perdu deux tiers de leur valeur, en grande partie à cause de l'offre pléthorique à travers le monde, même si certains observateurs citent d'autres facteurs comme les incertitudes sur la demande et la force du dollar, défavorable aux échanges pétroliers car ils sont libellés en monnaie américaine.