Pour amadouer les Québécois qui s'opposent massivement à son projet Énergie Est, TransCanada a sorti hier 120 emplois de plus de son sac et laissé entendre qu'il pourrait y en avoir d'autres à venir.

L'entreprise de Calgary s'est entendue avec ABB qui construira au Québec 22 bâtiments électriques pour les stations de pompage de l'oléoduc, si le projet se réalise.

Il s'agit d'un investissement « de plusieurs dizaines de millions de dollars », a indiqué hier à La Presse le responsable du projet pour le Québec, Louis Bergeron.

La construction de ces boîtiers préfabriqués, qui contiennent de l'équipement sophistiqué, pourrait créer 120 emplois directs dans la région de Montréal et 90 emplois indirects ailleurs au Québec.

Ces retombées s'ajoutent à celles déjà promises par TransCanada, mais qui ont été jugées très insuffisantes par le gouvernement du Québec.

Louis Bergeron, qui est devenu l'homme de TransCanada au Québec il y a six mois, estime que le projet Énergie Est avance dans le sens souhaité par Québec et la Communauté métropolitaine de Montréal.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a vivement critiqué la direction de TransCanada qui, a-t-il dit, a « snobé » les élus de la Communauté métropolitaine en refusant de les rencontrer.

« Je ne peux pas refaire le passé. Mais depuis mon arrivée, on s'est donné les moyens de travailler de façon plus autonome et on est confiants de pouvoir trouver un terrain d'entente. »

- Louis Bergeron, responsable du projet Énergie Est pour le Québec

Des discussions sont en cours sur la relocalisation de trois stations de pompage au Québec, de même que sur la protection du couvert forestier, qui vont dans le sens souhaité par les élus, a-t-il fait valoir.

PAS AVANT 2018

ABB fabriquera les systèmes électriques des stations de pompage dans « une toute nouvelle installation de production » au Québec mais on ne sait pas si ça veut dire la construction d'une autre usine. ABB regroupera bientôt ses employés québécois dans un nouveau siège social dans le Technoparc Saint-Laurent, ce qui libérera de l'espace dans les six établissements où ils étaient dispersés.

Les 120 emplois qui seront créés pourraient devenir permanents parce que la demande pour ce type d'installations est croissante, notamment dans le secteur minier.

Au total, l'oléoduc comptera 72 de ces bâtiments électriques, dont 22 devraient être construits au Québec. TransCanada est en discussions avec un autre fournisseur pour la construction des 50 autres modules.

L'oléoduc Énergie Est est devenu la priorité de TransCanada depuis que son projet Keystone XL pour acheminer le pétrole canadien vers les raffineries du golfe du Mexique a été rejeté par le président américain Barack Obama.

Il prévoit la construction d'un nouveau tronçon à travers le Québec et le Nouveau-Brunswick jusqu'au port de Saint John. Le projet Énergie Est doit être approuvé par l'Office national de l'énergie avant de voir le jour, ce qui ne peut arriver avant 2018 au plus tôt.

La nouvelle ouverture manifestée par TransCanada envers les exigences du Québec a été unanimement saluée hier par les milieux d'affaires. Les opposants, dont Greenpeace, sont restés sur leurs positions. « Ça ne changera rien au fait que le projet Énergie Est est totalement incompatible avec la lutte contre les changements climatiques et présente des risques graves pour l'eau potable de millions de Québécois en cas de déversement », a fait valoir Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace.