Le récent déclin des cours du pétrole brut force les banques canadiennes à surveiller de plus près leurs carnets de prêts, et la Banque de Montréal effectue des tests de tension sur son portefeuille du secteur des hydrocarbures pour voir comment il performerait si le prix du baril reculait jusqu'à 25 $ US.

«Il faut être prêt à se demander jusqu'où il pourrait descendre», a expliqué mardi le chef de la direction de la Banque de Montréal, Bill Downe, alors qu'il donnait des détails sur les tests de tension qu'il fait subir à ses portefeuilles, dans un cadre d'une conférence des chefs de la direction des banques canadiennes, qui se déroulait à Toronto.

Les banques effectuent ces tests de tension, qui sont des simulations générées par des ordinateurs, pour évaluer l'impact que pourraient avoir divers scénarios économiques sur leurs activités.

Même si le pire scénario envisagé par la Banque de Montréal mise sur un baril de pétrole à 25 $ US, dans l'ensemble, les tests de tension de l'institution financière prennent pour acquis que le prix moyen du baril se situera à 35 $ US pour l'ensemble de l'année.

«Je reconnais que le prix du baril est inférieur à cela aujourd'hui, mais je crois qu'il s'agit d'un prix raisonnable et d'une prévision raisonnable», a affirmé M. Downe. Le cours du pétrole brut a clôturé la séance de mardi à 30,44 $ US à la Bourse des matières premières de New York.

Pour 2017, la banque (TSX:BMO) utilise un cours de 30 $ US pour le baril dans ses tests de tension, tandis qu'elle étudie les effets potentiels d'un baril à 40 $ US pour 2018.

Entre-temps, le chef de la direction de la Banque Royale (TSX:RY), Dave McKay, a dit s'attendre à ce que le prix du pétrole commence à regagner le niveau de 50 $ US le baril - et peut-être un peu plus - dans les 18 prochains mois.

«C'est un peu plus faible que quiconque ne l'avait prédit en ce moment», a-t-il noté.

Le chef de la direction de la Banque CIBC (TSX:CM), Victor Dodig, a pour sa part indiqué que les tests de tension de son institution avaient montré que si le cours du pétrole brut devait rester à 30 $ US pendant trois ans, la banque cumulerait des pertes de 650 millions $.

Environ 75 pour cent de ces pertes se trouveraient dans les livres de prêts aux entreprises, tandis que le dernier quart aurait lieu dans le secteur des prêts personnels, a précisé M. Dodig.

Cependant, le parton de la CIBC a précisé que les tests de tension ne tenaient pas compte de l'impact positif que pourrait avoir la faiblesse du dollar canadien - un élément que plusieurs grands patrons ont souligné mardi.

M. McKay estime que, jusqu'à maintenant, les difficultés économiques du Canada ont été restreintes aux provinces productrices de pétrole, l'Alberta en particulier, tandis que d'autres régions ont été avantagées par la faiblesse du dollar canadien.

«On voit qu'un plus faible dollar canadien alimente une bonne croissance en Colombie-Britannique (...) On observe une forte vigueur à Toronto.»

La faiblesse du dollar canadien devrait attirer plus de touristes au pays et profiter aux exportateurs canadiens en rendant les prix de leurs produits plus concurrentiels pour les marchés étrangers.

Selon M. Dodig, le faible huard pourrait injecter assez de carburant dans l'économie du pays pour limiter le besoin d'une nouvelle baisse des taux d'intérêt de la Banque du Canada. La banque centrale a réduit son taux d'intérêt directeur à deux reprises l'an dernier - chaque fois d'un quart de point de pourcentage.

«Je ne crois pas que nous ayons besoin d'une baisse de taux», a estimé M. Dodig. «Je crois que le dollar canadien a offert le soutien nécessaire et qu'il continuera à le faire.»

«Mais ce n'est pas à moi de décider, c'est la décision du gouverneur de la Banque du Canada», a-t-il ajouté.

Même si une baisse des taux réduirait encore davantage la marge des prêts bancaires, tant M. Dodig que le grand patron de la Banque TD ont dit être en mesure de résister à une telle décision.

«Nous nous adapterons à l'environnement dans lequel nous nous trouvons», a précisé le chef de la direction de la TD, Bharat Masrani.