La commission des valeurs mobilières de l'Alberta a jugé que Canadian Oil Sands pouvait neutraliser pendant un mois l'offre d'achat hostile déposée par le géant des sables bitumineux Suncor Énergie.

COS avait mis sur pied un nouveau régime de droits des actionnaires, une procédure familièrement connue sous le nom de dragée toxique, peu de temps après que Suncor eut fait parvenir son offre toute en actions directement aux investisseurs, le 5 octobre.

Le plan donnait aux actionnaires de Canadian Oil Sands 120 jours, soit jusqu'au début février, pour prendre une décision au sujet de l'offre de Suncor.

De son côté, Suncor proposait de laisser son offre ouverte jusqu'à vendredi, menaçant de la laisser expirer si cette date limite était reportée.

Les autorités de réglementation ont finalement coupé la poire en deux et ont donné aux actionnaires de COS jusqu'au 4 janvier pour accepter ou rejeter la proposition de Suncor.

Le régime de droits des actionnaires de COS permet à COS de gagner du temps dans ses efforts pour dénicher une alternative à l'offre de Suncor, qui valait environ 4,5 milliards $ d'après le cours de fermeture du titre de Suncor, lundi.

Le ton du débat entre les deux parties s'est avéré particulièrement acrimonieux par moments.

COS a décrit l'offre de Suncor comme trop faible, opportuniste et abusive, et a estimé que l'acheteur éventuel se livrait à une «campagne de peur» dans sa quête pour mettre la main une plus grande part du marché des sables bitumineux à un prix d'aubaine.

Entre-temps, Suncor a fait valoir que compte tenu de la forte probabilité d'une faiblesse prolongée des prix du pétrole, le statu quo était risqué pour les actionnaires de COS, et que l'«espoir» n'était pas une stratégie valable.

Selon une déclaration sous serment déposée la semaine dernière devant la commission des valeurs mobilières de l'Alberta par un conseiller financier de COS, plus de 25 autres parties étudieraient la possibilité de présenter une offre pour racheter la société. Quatre de ces parties auraient même signé des conventions sur la protection du secret.

Le projet de sables pétrolifères Syncrude, situé au nord de Fort McMurray, en Alberta, se trouve au coeur du conflit entre les deux entreprises.

Suncor et COS sont partenaires dans Syncrude. COS détient une participation de 37 pour cent dans Syncrude, tandis que Suncor en détient 12 pour cent. Si Suncor devait voir son offre d'achat acceptée, sa participation dans l'important projet passerait à 49 pour cent.

Outre leur participation dans Syncrude, les deux entreprises n'ont pas grand-chose en commun.

La participation de COS dans Syncrude est le seul actif de l'entreprise, et celle-ci ne participe pas activement aux opérations quotidiennes de la mine. À la fin de l'an dernier, sa main-d'oeuvre ne comptait que 23 employés à temps plein, en plus de quatre autres à temps partiel et trois contractants.

Suncor est pour sa part un joueur dominant du secteur des sables bitumineux, avec une production de 430 300 barils par jour au troisième trimestre, en excluant sa participation dans Syncrude. À la fin 2014, elle comptait près de 14 000 travailleurs, mais ce nombre a été réduit d'au moins 1200 cette année.