Les cours du pétrole ont ouvert en baisse vendredi à New York, après la publication d'excellents chiffres sur l'emploi aux États-Unis faisant craindre un relèvement prochain des taux d'intérêt aux États-Unis, qui renforcerait le dollar et rendrait les échanges plus onéreux.

Vers 9 h 15, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre s'affichait à 44,79 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), en baisse de 41 cents par rapport à la clôture de jeudi.

Les créations d'emploi ayant rebondi bien au-delà des attentes des économistes en octobre aux États-Unis, de très nombreux investisseurs y ont vu un encouragement pour que la Réserve fédérale redresse ses taux d'intérêt le mois prochain.

Ces attentes se sont spectaculairement illustrées dans un bond du dollar face aux autres devises, en particulier l'euro, à partir de 8 h 30.

Or tout renforcement du dollar pénalise les acheteurs de brut munis d'autres devises, ce qui pèse sur les cours de pétrole, qui s'affichaient encore en hausse juste avant la publication des chiffres américains.

«Nous allons voir aujourd'hui cette corrélation inversée entre le dollar et le prix du pétrole», a dit John Kilduff, chez Again Capital.

Par ailleurs M. Kilduff a estimé que la perspective renforcée d'une hausse des taux d'intérêt pèserait également sur les marchés des actions: «cela va être une journée où on évite la prise de risque, ce qui mettra également le pétrole sous pression», a-t-il dit, évoquant «une réorganisation des choix d'investissements qui pénalisera les matières premières».

Enfin M. Kilduff a noté que maintenant que le WTI était repassé sous le seuil pivot de 45 dollars le baril, des investisseurs pariant sur la baisse des cours pourraient trouver une nouvelle motivation.

Les cours du brut restaient en outre lestés par une surabondance persistante d'offre, empêchant tout rebond durable des prix.

«Un renforcement du dollar n'est pas une bonne nouvelle pour les prix du pétrole, pas plus que ne l'est l'annonce que la production en mer du Nord va atteindre quasiment un plus haut en deux ans, à 2,05 millions de barils en décembre», relevait David Hufton, chez PVM, rappelant par ailleurs que la production russe s'était établie à un record de 10,78 millions de barils par jour en octobre.

«La chute des prix est censée décourager plutôt qu'encourager la production, mais c'est l'inverse qui se produit à court terme, les producteurs se ruant pour engranger des recettes en poussant les unités de production à leurs limites», a fait valoir David Hufton.