La direction de TransCanada ne se formalise pas de l'élection à Ottawa d'un gouvernement libéral qui, à son avis, n'aura pas de répercussions à long terme pour ses deux principaux projets d'oléoducs.

Aux États-Unis, l'entreprise vient de demander une suspension temporaire de sa demande d'autorisation pour son projet Keystone XL, alors qu'au Canada, elle pourrait assister à la modification de certains paramètres réglementaires.

Pendant la campagne électorale, le chef libéral Justin Trudeau avait plaidé pour une modernisation de l'Office national de l'énergie (ONÉ), sans toutefois nécessairement s'opposer au projet Énergie Est.

«Je suis dans cette industrie depuis 30 ans et j'ai observé plusieurs changements réglementaires», a expliqué mardi le président et chef de la direction de TransCanada, Russ Girling.

Au cours d'une conférence téléphonique à l'occasion du dévoilement des résultats du troisième trimestre de la société albertaine, il a dit que cette dernière s'était «toujours conformée aux règles».

M. Girling n'est toutefois pas allé jusqu'à s'avancer sur les conséquences des changements potentiels à l'ONÉ pour le projet Énergie Est, dont la mise en service a été repoussée à 2020 et le budget revu à la hausse à 12 milliards.

«Je n'ai pas les réponses à ces questions aujourd'hui, a-t-il dit. C'est certain que ces choses-là coûtent plus cher. Mais au bout du compte, si le processus est plus sécuritaire (...) cela est logique.»

Énergie Est prévoit le transport quotidien d'environ 1,1 million de barils de pétrole des sables bitumineux albertains à travers un oléoduc de quelque 4600 kilomètres qui passera au Québec pour se rendre au Nouveau-Brunswick.

On devrait par ailleurs bientôt savoir si TransCanada construira ou non un terminal pétrolier au Québec après avoir abandonné son projet à Cacouna, dans le Bas-Saint-Laurent, le printemps dernier.

L'entreprise, qui continue à évaluer d'autres sites potentiels dans la province, soumettra d'ici la fin de l'année son amendement détaillant notamment le tracé qu'empruntera l'oléoduc pour se rendre à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick.

TransCanada, qui dit continuer à évaluer d'autres sites au Québec pour construire un terminal pétrolier, prévoit soumettre ses documents concernant le tracé de l'oléoduc d'ici la fin de 2015.

Quant à Keystone XL, si la demande de suspension temporaire est accordée par l'administration Obama, elle pourrait avoir plusieurs conséquences.

Elle pourrait entre autres permettre au premier ministre désigné Justin Trudeau de commencer du bon pied sa relation avec le président américain Barack Obama, qui s'est montré plus d'une fois réticent face au projet porté par le premier ministre sortant Stephen Harper.

Sans dire ce qu'il attendait de M. Trudeau dans ce dossier, le grand patron de TransCanada s'est contenté de rappeler que le secteur des ressources était «très important» pour le pays.

M. Girling a rejeté du revers de la main les suggestions selon lesquelles l'élection présidentielle américaine de 2016 aurait joué un rôle dans la décision de déposer une demande de suspension temporaire.

Le controversé projet visant à acheminer du brut de l'Alberta vers les raffineries du Texas pourrait devenir un enjeu électoral et aurait plus de chances de recevoir l'appui advenant une victoire républicaine.

«Nous avons tenté de demeurer à l'extérieur de la joute politique depuis sept ans pour nous concentrer sur le processus réglementaire», a répondu le dirigeant de TransCanada.

La demande de l'entreprise albertaine appelle l'administration Obama à reporter sa décision sur l'émission d'un permis qui permettrait à l'oléoduc de passer d'une frontière à une autre en attendant le règlement d'un litige dans l'État du Nebraska sur le tracé.

«Le processus en cours au Nebraska prendra du temps et nous le savons, a expliqué M. Girling. Au niveau fédéral, il ne reste plus beaucoup de travail à accomplir.»

Au troisième trimestre, TransCanada a vu ses profits fléchir de 12%, ce qui s'explique entre autres par une contribution inférieure aux prévisions de certains secteurs d'activité ainsi qu'une petite charge de restructuration.

La société a engrangé un bénéfice net de 402 millions, ou 57 cents par action, par rapport à 457 millions, ou 64 cents par action, à la même période l'année dernière.

Ses revenus ont augmenté de 0,2% pour la période de trois mois terminée le 30 septembre dernier, passant de 2,45 milliards à 2,94 milliards.

Sur une base ajustée, en excluant les éléments non récurrents, les profits de TransCanada ont été de 440 millions, ou 62 cents par action, en baisse comparativement à 450 millions, ou 63 cents par action, au troisième trimestre de 2014.