Les cours du pétrole ont terminé en baisse lundi à New York dans un marché sans conviction, optant pour la prudence avant les prochains chiffres sur les stocks de brut aux États-Unis, malgré des prévisions plutôt optimistes de l'Agence internationale de l'énergie.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre a perdu 62 cents à 43,98 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a cédé 45 cents à 47,54 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

Pour Kyle Cooper, chez IAF Advisors, «il s'agit surtout d'un mouvement technique», les cours restant orientés à la baisse en l'absence d'actualité forte après avoir échoué à se maintenir en fin de semaine au-dessus du seuil de 45 dollars, provisoirement franchi jeudi.

Selon Bob Yawger, de Mizuho Securities, le marché cherchait par ailleurs déjà à se positionner avant les chiffres hebdomadaires sur les réserves américaines de pétrole brut, que doit publier mercredi le ministère de l'Énergie.

«On va probablement avoir un gros chiffre sur les stocks mercredi, mais on va aussi probablement voir la production stagner ou reculer un peu, donc ces deux chiffres pourraient s'annuler, mais si les stocks augmentent de 7 à 9 millions de barils comme cela a été le cas récemment le marché serait sous pression», a-t-il dit.

Tim Evans, chez Citi, a indiqué qu'il tablait sur une augmentation des stocks de 3 à 4 millions de barils.

Pour le moment, le marché n'a pas beaucoup de raisons de sortir des marges dans lesquelles il évolue depuis deux mois, «car fondamentalement la situation ne change pas: le marché souffre d'excédents importants», ont noté des experts de Commerzbank.

En outre, du côté de la demande, «les signes de ralentissement sont toujours présents», notait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.

Selon lui, la prévision d'un hiver doux en Europe et en Amérique du Nord est une raison supplémentaire de craindre que l'excès d'offre d'or noir sur le marché soit encore loin de se résorber.

Quant à la Chine, les marchés semblent modérer leurs espoirs d'une accélération de l'activité, après l'euphorie créée la semaine dernière par une baisse des taux. «Des commentaires du premier ministre Li Keqiang ont été jugés un peu faibles pour ce qui est de soutenir l'économie», ce qui modère les espoirs d'un regain de demande venu de la deuxième économie mondiale, a estimé M. Evans.

«La seule chose qui empêche les prix de glisser encore plus bas, c'est la perspective à plus long terme», ont souligné les analystes de Commerzbank, en mentionnant de nouvelles déclarations de Fatih Birol, à la tête de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

«Il a prévenu qu'il y avait un risque que le marché puisse se resserrer après la période actuelle d'excédents, qui risque de durer jusqu'au milieu de l'année prochaine, en raison des réductions importantes des investissements dans le secteur pétrolier», selon Commerzbank.

«Les investissements risquent de baisser pendant deux ans à partir de 2016, pour la première fois depuis vingt ans», ont précisé les analystes de la banque.

Aux États-Unis, le nombre de puits en activité est déjà au plus bas depuis cinq ans, ont-ils noté, avec une nouvelle réduction d'une unité annoncée vendredi par la société de services pétroliers Baker Hughes.