Les cours du pétrole ont nettement baissé mercredi à New York, sous le coup d'une augmentation bien plus forte que prévu des stocks de brut aux États-Unis, qu'aucun recul de la production n'est venu compenser.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en décembre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a perdu 1,09 dollar à 45,20 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en décembre a baissé plus modestement de 86 cents à 47,85 dollars le baril sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le rapport (du ministère américain de l'Énergie sur les stocks) poussait à la baisse, et on a eu une réaction baissière», a résumé Matt Smith, chez ClipperData.

Il a noté toutefois que la surprise n'était pas totale, puisque dès mardi soir l'association professionnelle API avait tablé sur une nette augmentation de 7,1 millions de barils des stocks de brut. Les chiffres officiels ont été encore plus négatifs dans un contexte de surabondance de l'offre, avec une augmentation des stocks de 8 millions de barils.

Les experts interrogés par l'agence Bloomberg prévoyaient en moyenne que les réserves progresseraient de seulement 3,75 millions de barils.

Plus inquiétant encore, d'après M. Smith, les stocks ont augmenté alors même que les raffineries ont augmenté leur cadence et donc leur utilisation des quantités disponibles.

Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank, a noté que cette forte hausse des stocks était imputable à une augmentation des importations de brut (+ 156 000 barils par jour).

«Les réserves de pétrole sont désormais supérieures de 110 millions de barils à la moyenne des cinq dernières années, ce qui limite tout rebond des prix», notait-il.

«La seule chose qui nous a un peu sauvés, c'est la baisse plus forte qu'attendu des réserves d'essence et de produits distillés», de 1,5 et 2,6 millions de barils respectivement, «cela nous a aidés à réduire un peu les pertes», a fait valoir M. Smith.

En revanche le chiffre de la production de brut, très surveillé par les investisseurs, n'a guère apporté de réconfort en montrant qu'elle était restée stable à 9,096 millions de barils par jour.

Toutefois, M. Smith a jugé qu'il ne fallait pas s'inquiéter de cette stagnation, alors que de nombreux investisseurs tablent sur un repli de la production de pétrole américaine pour corriger un peu la surabondance actuelle.

«Nous savons d'après les rapports mensuels du DoE que la production dérive en baisse», a-t-il dit.

Pas de décision à l'OPEP

Enfin le marché n'a pas semblé prêter beaucoup d'attention à une réunion technique tenue à Vienne par des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et des pays hors OPEP, dont la Russie.

Comme attendu, celle-ci n'a débouché sur aucune décision. Elle «n'a pas évoqué de restrictions sur la production de brut ou la fixation d'objectifs de prix», a indiqué l'agence Bloomberg, citant un officiel russe qui n'a pas été nommé.

Pour Carl Larry, chez Frost & Sullivan, il y a un risque que la passivité de l'OPEP puisse faire baisser encore les cours, jusqu'à peut-être 44 dollars le baril pour le WTI.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro avait annoncé mardi que son pays, membre de l'OPEP, plaiderait «pour que le prix moyen nécessaire pour garantir les investissements au cours des cinq à dix prochaines années soit de 88 dollars le baril».

Le Venezuela estime que les prix du brut sont trop bas et milite pour une baisse de la production mondiale afin de les faire remonter, une option rejetée notamment par l'Arabie saoudite.