Les cours du pétrole ont monté lundi, profitant de l'embellie des marchés mondiaux et d'une ouverture de la Russie vers des discussions avec les autres grands producteurs, face à une offre toujours excessive.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en novembre a pris 72 cents à 46,26 $US sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a gagné 1,12 $US à 49,25 $US sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«La journée a été bonne, même si le marché est un peu retombé en cours de séance», a jugé Phil Flynn, de Price Futures Group, citant comme explication «la solidité des marchés boursiers».

Les grandes places mondiales étaient en nette hausse lundi, notamment dans la zone euro où l'indice Eurostoxx 50 a pris plus de 3 %, sur fond d'optimisme quant à une accélération ou un maintien des politiques de relance des principales banques centrales.

«La perspective de nouvelles mesures de soutien monétaire à travers le monde et - après de mauvais chiffres sur l'emploi aux États-Unis - le fait que la Réserve fédérale (Fed) ne soit pas en mesure de relever ses taux, tout cela est de bon augure pour le marché du pétrole», a jugé M. Flynn.

Au-delà de cette actualité commune à tous les marchés financiers, l'or noir a plus particulièrement profité de propos de la Russie, dont le ministre de l'Energie, Alexandre Novak, s'est dit prêt à discuter avec les autres grands producteurs, que ce soit dans l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ou en dehors.

«Une fois de plus, on entend des rumeurs sur une éventuelle réunion entre la Russie et les membres de l'OPEP, pour engager des mesures plus ou moins coordonnées afin de stabiliser ou relancer les cours», a rapporté Matt Smith, de ClipperData, exprimant son scepticisme.

«Comme l'OPEP est déjà incapable de trouver un message cohérent entre ses douze membres, on a beaucoup de mal à croire que cela va arranger les choses d'y ajouter la Russie», a-t-il ironisé, rappelant que la production russe était à son plus haut niveau depuis la dissolution de l'Union soviétique.

Tensions géopolitiques

Le niveau élevé de la production, que ce soit aux États-Unis, dans l'OPEP ou en Russie, a largement contribué à la déprime du marché, sur lequel les prix ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis la mi-2014.

Sur ce plan, «le marché profite manifestement de la forte baisse du nombre de puits (en activité) la semaine dernière» aux États-Unis, a jugé M. Flynn.

Selon les chiffres annoncés vendredi par la société de services pétroliers Baker Hughes, le nombre de puits de forage pétroliers aux États-Unis a baissé de 26 unités à 614, leur plus bas niveau depuis plus de cinq ans.

«Puisque l'on continue à évoquer de nouvelles baisses d'investissements (dans l'industrie), la production pourrait baisser encore plus que ce qui est attendu», ce qui est de nature à soutenir les cours, a conclu M. Flynn.

Enfin, la hausse des cours a été soutenue «par le fait que la Russie poursuit les interventions militaires en Syrie», ont noté les analystes de Commerzbank.

Si la Syrie n'est pas en elle-même un producteur majeur, le risque de contagion du conflit vers les pays voisins, notamment l'Irak et l'Arabie saoudite, inquiète les marchés.