Voiture électrique, téléphone portable : la demande de lithium pour les batteries ne cesse d'augmenter et les multinationales minières se mettent en ordre de bataille pour exploiter les gisements d'Argentine, renfermant avec le Chili et la Bolivie 70% des réserves mondiales.

L'exploitation du lithium n'est pas autorisée en Bolivie en raison de l'opposition des populations locales du Salar d'Uyuni et le Chili ne délivre plus de nouvelles concessions.

«L'Argentine dispose dans les provinces de Catamarca, Salta et Jujuy de la quantité et la qualité la plus fantastique de lithium au monde», se réjouit pour sa part le secrétaire argentin aux Mines, Jorge Mayoral.

«C'est un minerai sur lequel l'Argentine parie fort. Et l'Argentine est assise sur 128 millions de tonnes de carbonate de lithium potentiel, un élément vital pour la production de batteries», ajoute le ministre du gouvernement de gauche de la présidente Cristina Kirchner.

Dans la région montagneuse de la Puna, au pied de la cordillère des Andes, les «salars» (déserts de sel) renferment le précieux lithium, garantie de batterie longue durée. En 2014, la demande mondiale de lithium était de 170 000 tonnes de carbonates de lithium équivalent.

Des sociétés américaines, japonaises, sud-coréennes déjà des gisements.

«Nous ne pensions pas recevoir autant d'investissements dans le lithium (...), tous les constructeurs automobiles qu'on peut imaginer font ou ont fait des prospections en Argentine pour mettre un pied dans le développement du lithium», assure Jorge Mayoral.

Eramet implanté

Les japonais Toyota et Mitsubishi, le sud-coréen Posco ont commencé à produire dans la province de Jujuy, frontalière du Chili et de la Bolivie.

À la recherche d'un gisement dans le dénommé «triangle doré du lithium» (Argentine/Bolivie/Chili), le groupe français Eramet a aussi jeté son dévolu sur l'Argentine, et opté en 2013 pour deux gisements de la province de Salta, les salars de Centenario et Ratones, 500 km2 au total.

«C'est un très beau gisement. On a découvert un niveau de ressources significatif, plus de 7 millions de tonnes de carbonate de lithium équivalent», s'enthousiasme Hughes-Marie Aulanier, chargé de mission stratégie et développement chez Eramet.

Du carbonate de lithium, on extrait 20% de lithium.

Le projet d'Eramet n'est pas encore entré dans une phase de production et les géologues s'emploient à déterminer quel est le volume réellement exploitable. La durée prévue d'exploitation est de plus de 40 ans.

«Pour Eramet, indique Hughes-Marie Aulanier, la production de lithium sera une première, cela fait partie de la stratégie de diversification tout en restant en phase avec certains de ses métiers de base comme l'exploitation responsable des ressources minérales et l'hydrométallurgie».

La société française utilise dans son implantation de Salta un procédé innovant qui sera «le plus respectueux de l'environnement». «C'est une première mondiale, fait remarquer l'expert, co-développé par notre centre de R&D et l'Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (IFPEN)».

Une équipe de 30 à 40 personnes, des Français et des Argentins, travaillent sur le site, dans une zone désertique et dépeuplée, à 4000 mètres d'altitude, au milieu des lamas et des vigognes. Le premier village, Santa Rosa Grandes, à 60 km au sud.

Eramet s'est associé dans cette opération avec la compagnie minière publique de la province de Salta, Remsa.

Un investissement de 260 millions de dollars sera engagé une fois que l'étude de faisabilité technico-économique et financière aura donné le feu vert. La production sera de 20 000 tonnes de carbonate de lithium équivalent par an à l'horizon 2019.