Pendant qu'elle rénovera ses énormes centrales nucléaires, l'Ontario achètera de l'électricité du Québec. Philippe Couillard et son homologue ontarienne Kathleen Wynne signeront ce matin une lettre d'entente par laquelle l'Ontario s'engage à s'approvisionner sur une longue période au Québec. Il s'agit d'une première puisque jusqu'ici, les échanges s'étaient limités aux périodes de pointe de la demande.

Cette entente sera l'élément central d'une rencontre symbolique des Conseils des ministres des deux provinces. Le gouvernement Couillard s'était rendu à Queen's Park l'automne dernier.

L'Ontario fait face à un immense problème : ses centrales nucléaires sont âgées et nécessitent des réfections majeures. L'Ontario tire la plus grande partie de son électricité de 18 réacteurs CANDU répartis dans trois sites dont la capacité de production est de 12 000 mégawatts.

La province a adhéré à la Bourse du carbone l'an dernier, comme le Québec et la Californie, et veut éviter d'augmenter l'activité de ses centrales au gaz pendant ces travaux. 

2000 mégawatts

Quantité d'électricité supplémentaire dont l'Ontario aura besoin à compter de 2020

Pendant ce temps, le Québec dispose d'importants surplus. La lettre d'entente demande à l'ontarienne Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité (SIERE) et à Hydro-Québec d'arriver « à moyen terme » à une entente pour l'achat d'énergie québécoise par l'Ontario. Aucun prix n'est arrêté dans cette lettre d'entente, qui reste muette aussi sur le volume d'énergie et les échéanciers.

Mais cette entente reste une première ; l'Ontario dans le passé n'avait jamais voulu dépendre de producteurs extérieurs. Les interconnexions avec le Québec, le Manitoba et trois États américains servaient jusqu'ici à transporter de l'énergie durant les périodes de pointe. Le Québec vend davantage d'énergie aux États américains du Nord-Est qu'aux provinces canadiennes limitrophes.

Rénovations des centrales

La réparation des centrales nucléaires est un enjeu majeur pour le gouvernement Wynne. La stockage des déchets, radioactifs pendant des siècles, sera extrêmement coûteux.

La société d'État ontarienne Ontario Power Generation veut fermer en 2020 sa station de Pickering, où six réacteurs produisent 3100 MW, deux fois plus que la Romaine au Québec, lorsqu'elle produira au maximum de sa capacité, aussi en 2020.

Le complexe Bruce, géré par TransCanada Energy et financé par des caisses de retraite syndicales, produit 6300 MW grâce à huit réacteurs. Quatre d'entre eux datent des années 70. Deux ont été rénovés, mais la fin des travaux coûtera très cher à la société d'État ontarienne.

Le plus urgent pour le gouvernement Wynne reste la remise en état du complexe Darlington, dont les quatre réacteurs produisent 3512 MW. Il en coûtera 13 milliards pour des travaux qui débuteront l'an prochain et s'étendront jusqu'en 2026. Ce projet est contesté en cour par des groupes qui réclament une évaluation environnementale plus fouillée.