L'effondrement des prix des métaux de base n'affecte pas uniquement les sociétés minières. Au Québec, toute la chaîne d'approvisionnement de l'industrie se ressent maintenant du manque d'appétit du géant chinois pour les ressources.

«C'est sûr que la situation requiert certains ajustements», explique Alain Carrier, coprésident et fondateur d'InnovExplo.

L'entreprise de Val-d'Or, qui sert depuis 12 ans l'industrie minière, a ajusté son effectif au marché «très très difficile» de l'exploration. «Nous sommes passés de 45 employés à 25 employés permanents», dit M. Carrier.

Diversification

InnovExplo a aussi entrepris de diversifier ses activités à l'étranger. Le prix des métaux est peut-être déprimé partout dans le monde, mais la diversification aide quand même à tenir le coup, selon Alain Carrier, qui revient tout juste d'Afrique. «On était très forts en Abitibi dans le cuivre, le zinc et l'or, et là, on regarde vers les phosphates et les terres rares.»

Le groupe Gilbert, de Chicoutimi, fait du développement de sites industriels et miniers. «Il y a moins de projets et moins de contrats», confirme sa porte-parole Marilyn Gilbert-Martel. L'entreprise a plusieurs cordes à son arc et ne dépend pas uniquement du secteur minier. Elle collabore au mégaprojet hydroélectrique de Muskrat Falls, au Labrador, un contrat de 160 millions qui lui a été octroyé par la société d'État terre-neuvienne Nalcor. «Ça permet de compenser», dit la porte-parole.

La firme de génie-conseil Johnson-Vermette, de Trois-Rivières, constate une baisse de 50% de ses activités liées au secteur minier. Même scénario dans le secteur du pétrole et du gaz, où la déprime sévit également. Mais ça bouge du côté du gaz naturel, indique Luc Vermette, président-directeur général. «Les études reprennent. C'est un bon indicateur que d'ici décembre, ce sera probablement relancé.»

Dans la grisaille des métaux de base, l'or continue de briller. «Les producteurs d'or canadiens s'en tirent très bien grâce à la faiblesse du dollar», souligne Alain Carrier, d'InnovExplo.

Les entreprises qui travaillent avec des mines déjà en production ressentent moins les effets de la crise. C'est le cas du Groupe minier CMAC-Thyssen, de Val-d'Or. «Quand la mine gère de façon plus serrée, elle a recours à nos services», précise Ghislain Blanchet, vice-président directeur de l'entreprise, qui souligne lui aussi que les producteurs d'or canadiens sont un peu à l'abri de la crise en raison du taux de change qui les favorise.

Quand on travaille dans le secteur des ressources naturelles, on compose avec les cycles, commente Mathieu St-Amand, de l'Association minière du Québec. «Tout le monde a l'habitude et personne ne panique», dit-il.

Ce cycle baissier, qui arrive après 10 années de vaches grasses dans le secteur des ressources, est loin d'être le pire qu'ait connu l'industrie, selon Ghislain Blanchet. «C'est bien moins grave qu'en 2000», assure-t-il.

EN CHIFFRES

3800

Nombre de fournisseurs de l'industrie minière au Québec

3,2 milliards

Total des investissements miniers en 2014 au Québec, en baisse par rapport à 4,6 milliards en 2013