Pour la deuxième séance consécutive, les cours du pétrole ont fortement monté vendredi à New York, achevant la semaine sur leur plus forte hausse hebdomadaire depuis 2011 face à l'atténuation des craintes pour la demande et l'économie mondiale.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en octobre a gagné 2,66 dollars à 45,22 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir déjà pris près de quatre dollars la veille. En une semaine, il a gagné plus de 11%, soit sa plus forte progression depuis quatre ans et demi.

Cette hausse est d'autant plus marquante que les cours du pétrole étaient encore tombés lundi à leur plus bas niveau de clôture depuis six ans et demi, à 38,24 dollars.

«C'est tout simplement incroyable», a jugé Phil Flynn, de Price Futures Group. «Les cours pétroliers ont rebondi parce que l'on sentait que leur baisse avait été exagérée. Plus qu'autre chose, le marché est en train d'intégrer des éléments macroéconomiques, dont le fait que le krach boursier n'a pas eu lieu».

Les Bourses mondiales ont été très secouées cette semaine par le tumulte des marchés en Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole, où la place de Shanghai a chuté de près de 40% depuis juin, mais elles sont peu à peu parvenues à se reprendre.

«La baisse des cours était moins due à une véritable dégradation de la demande qu'à des craintes pour l'avenir», a jugé M. Flynn. «Quand les prix du pétrole sont passés sous 40 dollars le baril, c'était le signe que les gens craignaient que la Chine ne donne un coup d'arrêt à l'économie mondiale».

«Mais si l'on regarde les derniers chiffres économiques d'Europe comme des États-Unis» --notamment une révision en hausse jeudi du produit intérieur brut (PIB) américain au deuxième trimestre--, «on se rend compte que ces craintes (...) étaient probablement exagérées», a-t-il conclu.

Certains observateurs restent plus dubitatifs et soulignent que l'offre reste excessive et que le marché, sur lequel le baril valait encore plus de 100 dollars en juin 2014, reste à un bas niveau.

«Les marchés pétroliers restent extrêmement instables, et les investisseurs sont obligés d'agir d'abord et de réfléchir ensuite», a estimé Tim Evans de Citi, reconnaissant «un changement dans le sentiment et les perceptions du marché».

«Ce qui est loin d'être clair, c'est si l'équilibre fondamental du marché a changé, et à quel point», a-t-il prévenu. «On va prendre connaissance d'éléments à ce sujet lors des prochains jours, en commençant par des évaluations de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en août».

L'OPEP a largement contribué à faire plonger les prix depuis un peu plus d'un an en s'abstenant d'abaisser son plafond théorique de production, tandis que l'offre reste aussi élevée aux États-Unis et en Russie.