Dans le dossier de la crise forestière sur la Côte-Nord, la balle est dans le camp des industriels plutôt que dans celui du gouvernement, estime le directeur québécois du syndicat Unifor, Renaud Gagné.

Plus tôt cette semaine, les industriels de la forêt avaient soutenu qu'il appartenait au gouvernement d'en faire un peu plus pour les inciter à relancer leurs activités sur la Côte-Nord, où l'industrie vit une véritable crise. Selon eux, il restait encore du travail à faire et ce qui avait été mis sur la table n'était pas suffisant pour solutionner leurs problèmes.

Mais au cours d'une entrevue avec La Presse Canadienne, vendredi, dans le cadre d'une réunion du syndicat pancanadien Unifor à Montréal, M. Gagné a donné un autre son de cloche. Il affirme savoir que la proposition gouvernementale a bel et bien été déposée et que ce sont plutôt les industriels qui doivent y répondre.

«Les industriels [disaient] qu'ils attendaient toujours une proposition du gouvernement. Mais on sait, nous, qu'elle a été déposée et que ce sont les industriels qui doivent y répondre. C'est un peu un cafouillis, on déplore ça. Il y a possiblement une manipulation [de la part] des industriels des communautés et des travailleurs, là-dedans, pour mettre de la pression sur le gouvernement et essayer d'en tirer davantage. Mais nous, on pense qu'il faut que ça se règle et que les offres qui sont sur la table devraient faire l'affaire», a confié M. Gagné.

Le dirigeant du syndicat Unifor au Québec reproche aux industriels de la forêt d'user de leur rapport de forces pour faire pression sur le gouvernement, sachant que des milliers d'emplois sont menacés et que la région a déjà été paralysée par des protestations.

«Ce qu'on en sait, c'est que de rencontre en rencontre, les industriels arrivent avec de nouvelles demandes. Ils sont peut-être dans une position de rapport de forces, là, quand tu paralyses une région au complet, puis que les gens sont dans la rue, les travailleurs sont menacés, les communautés... ça exerce beaucoup de pression sur le gouvernement. Mais là, le gouvernement travaille très fort», a insisté M. Gagné.

Il parle de 3000 emplois directs et indirects sur la Côte-Nord.

«Nos membres sont arrêtés. Ce qui est dommage, c'est qu'au niveau des forestiers, ce sont des gens propriétaires d'équipements, avec des paiements mensuels entre 20 000 $ et 40 000 $. Et là, on est arrêté et tout le monde a eu des préavis. Et la scierie devrait arrêter dans les prochaines semaines et en octobre, la papetière. Alors on espère que ça va se régler dans les prochains jours pour que les forestiers retournent couper les arbres en forêt pour nous amener la matière première aux usines et qu'il n'y ait pas d'arrêt et des mises à pied. C'est ce qu'on veut éviter à tout prix», a commenté le dirigeant québécois d'Unifor.

Le problème particulier que vit l'industrie forestière de la Côte-Nord vient de son type de forêt, âgée, avec des arbres parfois malades ou morts, et aux prises avec la tordeuse des bourgeons de l'épinette. La matière récoltée a donc moins de valeur. Et il faut établir une juste valeur marchande pour cette fibre de bois. Ce phénomène fait qu'il s'ensuit des problèmes de production pour les usines, et des coûts plus élevés, aussi, à cause de la distance dans les montagnes. «Les coûts globaux sont plus chers qu'au lac Saint-Jean ou en Abitibi», explique M. Gagné, qui représente des syndiqués dans plusieurs régions.