Bien qu'ils voient d'un bon oeil la visite effectuée par deux ministres du gouvernement Couillard sur la Côte-Nord, les industriels forestiers estiment qu'il reste encore du travail à faire afin de s'entendre sur un consensus et dénouer la crise qui prive de travail des centaines de personnes de cette région depuis juin.

Au lendemain de la visite du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Laurent Lessard, et de son collègue à l'Économie, Jacques Daoust, deux des trois entreprises concernées, Produits forestiers Résolu [[|ticker sym='T.RFP'|]] et Groupe Rémabec, ont rappelé mardi qu'elles ne s'attendaient pas à une annonce gouvernementale.

Toutefois, le porte-parole de Rémabec, Pierre-Olivier Lussier, estime que le gouvernement Couillard a maintenant «tous les outils en main» pour inciter les industriels forestiers à relancer leurs activités sur la Côte-Nord.

«C'est certain qu'il reste du travail à faire, sinon, nous n'aurions pas eu besoin de la visite, a-t-il expliqué au cours d'un entretien téléphonique. Ce qui avait été mis sur la table n'était pas suffisant. On ne considère pas que le dossier est réglé. La visite dénote toutefois une volonté de le régler.»

Selon M. Lussier et le porte-parole de Résolu, Karl Blackburn, la visite s'est bien déroulée et de «bonnes discussions» ont eu lieu entre les divers intervenant locaux et MM. Lessard et Daoust.

Toutefois, ni Résolu ni Rémabec n'ont voulu commenter en détail les propositions déposées par Québec - dont la mise à jour effectuée la semaine dernière - depuis la suspension de leurs activités forestières respectives.

Mathieu Gaudreault, l'attaché de presse du ministre Lessard, a indiqué au téléphone que le gouvernement Couillard avait bon espoir d'en arriver à une entente rapidement, sans toutefois s'étaler sur le sujet.

Pour Résolu, les parties impliquées n'ont pas encore la même compréhension de la «juste valeur marchande de la fibre», notamment en raison de l'épidémie de tordeuse des bourgeons de l'épinette, a expliqué son porte-parole, Karl Blackburn.

«Il y a encore du chemin qui doit être parcouru compte tenu des particularités de la Côte-Nord, a réitéré M. Blackburn. Je pense que le ministre Daoust a compris ce qui lui a été présenté (au cours de la visite).»

L'utilisation de bois contaminé est plus dispendieuse pour une entreprise car elle doit notamment s'assurer de faire disparaître les taches laissées par la tordeuse du bourgeon afin de s'assurer de sa qualité. Il faut aussi plus de fibre contaminée pour produire une tonne de papier journal.

Un manque d'approvisionnement à prévoir

Entre-temps, l'arrêt des coupes sur le terrain depuis maintenant deux mois pourrait se faire sentir à travers le secteur forestier de la région - qui compte 1700 emplois- et ainsi envoyer d'autres travailleurs en congé forcé au cours des prochaines semaines.

Depuis samedi, Résolu est pratiquement assurée que sa scierie des Outardes à Baie-Comeau sera aux prises avec une rupture de stock vers la mi-septembre, ce qui, à terme, pourrait menacer la production de sa papetière qui se trouve dans la même région.

«Selon la durée des ruptures, on va parler de l'arrêt d'une machine (à la papetière), a dit M. Blackburn. S'il n'y a pas de solution concrète, la machine numéro deux se rendrait au plus tard à la fin de l'année.»

Pour sa part, Rémabec a fait savoir qu'il y aura fort probablement un arrêt à sa scierie de Port-Cartier si un déblocage ne survient pas d'ici le 22 août.

«À partir de cette date, c'est certain qu'il y aura un autre arrêt à la scierie à un moment donné, a souligné M. Lussier. Si on s'entend le 23 août, par exemple, il y aura quand même une journée de décalage.»