Les prix du pétrole ont monté mercredi à New York et, moins notablement, à Londres après l'annonce d'un déclin des réserves de brut et de la production aux États-Unis, qui a un peu fait oublier au marché son récent accès de faiblesse.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en septembre, qui avait déjà un peu monté la veille mais baisse dans l'ensemble depuis le début du mois, a pris 81 cents à 48,79 dollars sur le New York Mercantile Exchange (NYMEX).

Moins sensible à la situation américaine, le baril de Brent, la référence européenne du brut, n'a pris que huit cents à 53,38 dollars, sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«On dirait que le pessimisme qui a récemment envahi le marché était peut-être un peu exagéré, en particulier après les chiffres d'aujourd'hui sur les stocks américains», a jugé Phil Flynn, de Price Futures Group.

Selon des chiffres publiés par le département américain de l'Énergie (DoE), les stocks de pétrole brut ont nettement baissé la semaine dernière aux États-Unis, de plus de quatre millions de barils, alors que les analystes tablaient sur une légère hausse.

De plus, «la production américaine a baissé de 145 000 barils par jour (bpj)», a souligné M. Flynn. «Cela va a l'encontre des inquiétudes sur la surabondance d'offre, ou du moins les apaise. Comme le marché était allé très bas, cela donne l'occasion d'un rebond.»

Depuis le début du mois, les cours new-yorkais, qui s'étaient stabilisés autour de 60 dollars le baril pendant le printemps, ont rechuté et se rapprochent de leurs tréfonds de mars. À l'époque, le WTI était tombé sous les 45 dollars le baril, à ses plus bas niveaux depuis six ans.

Autre élément favorable dans les chiffres du DoE, «la demande de produits pétroliers aux États-Unis demeure forte, augmentant de 3,7% d'une année sur l'autre, tirée vers le haut par la demande d'essence», a constaté Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis.

Cette solidité, qui s'accompagne d'une baisse de 400 000 barils des réserves d'essence, semble rassurer un marché particulièrement inquiet de la demande saisonnière de carburant, au moment des grands déplacements automobiles estivaux.

Frein du dollar

À l'international, le pétrole a aussi obtenu du soutien de «bruits selon lesquels l'Arabie saoudite envisage de réduire sa production d'ici la fin de l'été», a rapporté M. Flynn. «Que ce soit en réaction à l'éventuel retour de brut iranien sur le marché ou, tout simplement pour soutenir les cours, ce serait la première fois depuis longtemps que les Saoudiens manifestent une intention quelconque de diminuer leur offre.»

Ryad domine l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui a décidé début juin de maintenir en l'état son plafond théorique de production, à 30 millions de mbj, et dépasse même dans les faits ce chiffre.

Malgré ces éléments favorables, «le dollar, qui évolue de façon inverse par rapport au marché pétrolier, se renforce, ce qui va aussi mettre les cours sous pression «, a prévenu Bob Yawger de Mizuho Securities.

Qui plus est, «le dollar n'est repassé dans le vert que récemment, alors que le marché du pétrole baissait déjà», a-t-il souligné, jugeant comme «un mauvais signe de voir le pétrole baisser malgré un déclin du dollar».

À ce titre, le dollar s'est maintenu en hausse après un communiqué de la Réserve fédérale (Fed), en fin de séance), qui n'a pas changé de politique monétaire mais a laissé la voie ouverte à un prochain relèvement de ses taux, et les cours pétroliers ont ralenti leur hausse lors de la dernière demi-heure d'échanges.