Les prix du pétrole ont baissé jeudi à New York, le marché se laissant gagner par le pessimisme à l'issue d'une séance plutôt hésitante, face à un nouveau renforcement du dollar et des inquiétudes persistantes de surabondance.

Au lendemain d'une baisse de plus de 1,5 dollar, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août a perdu 50 cents à 50,91 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), et reste à son plus bas niveau de clôture depuis environ trois mois.

Les cours ont ouvert dans le vert puis se sont orientés un peu dans le rouge pendant l'essentiel de la séance, avant de plus nettement flancher lors des dernières minutes d'échanges.

«C'était une de ces séances partagées entre bonnes et mauvaises nouvelles», a jugé Phil Flynn, de Price Futures Group, pour qui «des forces s'opposent sur le marché et le jugulent».

La séance de jeudi a fourni peu de nouvelles informations aux investisseurs, qui ont donc continué à digérer l'actualité des jours précédents.

«Parmi les éléments défavorables, on s'inquiète d'une hausse des taux d'intérêts américains, après des propos de Janet Yellen», présidente de la Réserve fédérale, qui a plaidé la veille en faveur d'une normalisation monétaire avant la fin de l'année, a précisé M. Flynn.

Non seulement la Fed retirerait un important soutien à l'économie américaine en relevant ses taux, actuellement presque nuls, ce qui provoquerait des craintes pour la demande d'or noir, mais une telle mesure renforcerait le dollar.

Or la force du billet vert, qui s'accentue jeudi à la suite des propos de Mme Yellen, rend plus coûteux et donc moins intéressants les échanges pétroliers, libellés en dollars.

«On continue aussi à se préoccuper de la surabondance de pétrole», a rapporté M. Flynn. «Aujourd'hui, Genscape», un cabinet d'analyses très suivi, «a fait état d'une hausse d'un million de barils (des réserves de brut) à Cushing.»

Ce terminal, situé dans l'Oklahoma, est très suivi car il sert de référence aux cours du WTI.

Toutefois, au sujet de l'offre américaine, les dernières nouvelles officielles en date sont plutôt encourageantes, au lendemain de l'annonce par le département de l'Énergie (DoE) d'une nette baisse des réserves de pétrole brut aux États-Unis.

«On entend parler de la baisse de 4,3 millions de barils dans les réserves de brut et, sur le même plan, de l'utilisation sans précédent de 16,8 millions de barils par jour par les raffineries, mais dans l'ensemble, le marché reste bien approvisionné», ce qui limite la réaction positive du marché, a jugé Tim Evans de Citi.

Enfin, sur le plan international, «l'effervescence retombe sur l'accord nucléaire iranien et ses implications pour le marché nucléaire l'an prochain», a rapporté Matt Smith, de ClipperData.

Annoncé en début de semaine, l'accord entre Téhéran et les grandes puissances ouvre la voie à une levée des sanctions et donc à une reprise des exportations iraniennes, même si la majorité des observateurs ne s'y attendent pas avant 2016.