Les premières enchères pétrolières au Mexique, censées marquer l'ouverture historique du secteur aux capitaux privés et étrangers, ont tourné au fiasco mercredi, avec la défection de plusieurs grands groupes étrangers et l'attribution de deux seulement des 14 sites proposés.

Seules neuf des vingt-cinq entreprises retenues pour participer aux enchères ont finalement décidé de déposer des offres, avec l'absence notable de géants du pétrole comme les Américains ExxonMobil et Chevron, le Français Total et l'Anglo-Australien BHP Billiton, dans un contexte de chute du prix du brut qui a amoindri l'attractivité des lots.

Après quatorze enchères, deux sites seulement ont pu être attribués, faute d'intérêt des entreprises participantes.

Le consortium retenu pour les deux lots est dirigé par l'entreprise mexicaine Sierra Oil & Gas, associée aux entreprises américaine Talos Energy et britannique Premier Oil.

Ces enchères constituaient le point d'orgue d'une réforme voulue par le président Enrique Peña Nieto, adoptée l'an dernier à l'issue d'un débat houleux au Congrès.

«C'est terrible. C'est un échec», a déclaré à l'AFP David Shields, un analyste industriel installé à Mexico, directeur du magazine «Energia a Debate».

«C'était la pire semaine (pour organiser ces enchères) parce que les prix du pétrole sont très bas et à cause de l'accord (sur le nucléaire)», signé la veille entre l'Iran et les puissances occidentales, accord qui devrait freiner toute reprise potentielle des cours du brut d'ici à 2016.

À la mi-journée, le responsable de la commission des hydrocarbures s'était pourtant dit «satisfait».

Les analystes avaient prévenu que les enchères pourraient être affectées par l'accord sur le nucléaire avec l'Iran qui, en levant les sanctions contre ce pays, ferait entrer sur le marché 1,5 million de barils de pétrole brut supplémentaires par jour.

Le gouvernement mexicain va maintenant préparer les prochaines mises aux enchères qui portent sur des forages en eaux profondes susceptibles de davantage éveiller l'intérêt des grands groupes.

Échecs des offres indiennes et malaisiennes 

Dans la mise aux enchères de mercredi, le gouvernement avait évalué chaque site à 1,3 milliard de dollars.

Tandis que neuf d'entre eux n'ont pas trouvé preneurs, trois n'ont pu être attribués du fait d'offres insuffisantes compte tenu des critères des autorités.

La compagnie nationale indienne ONGC Videsh Ltd, même en étant la seule à faire une offre pour l'un des sites, a échoué, le pourcentage de reversement proposé à l'État mexicain étant inférieur aux exigences fixées par celui-ci.

Une alliance entre la compagnie américaine Murphy Worldwide et la Malaisienne Petronas a quant à elle permis de faire une offre portant sur 35% du quatrième lot, inférieure au minimum de 40% tel que défini par le gouvernement.

Les blocs non attribués mercredi seront de nouveau mis aux enchères.

Le consortium dirigé par l'entreprise mexicaine Sierra Oil & Gas a obtenu un lot de 465 kilomètres carrés au large de l'État de Tabasco, l'emportant face aux compagnies norvégienne Statoil et italienne ENI, en offrant 69% des recettes au gouvernement.

Le consortium a obtenu un second lot, au large de Veracruz, en proposant à l'État environ 56%.

Ces résultats décevants s'ajoutent à une semaine déjà difficile pour le président Peña Nieto, marquée par l'évasion du baron de la drogue Joaquin «El Chapo» Guzman, pour la deuxième fois en 14 ans.

La réforme entamée par le président mexicain brise le monopole d'État détenu par l'entreprise Pemex depuis la nationalisation du secteur en 1938.

Peña Nieto espère ainsi relancer la production de pétrole mexicaine et ainsi stimuler l'économie de son pays après des années marquées par un déclin régulier de la production, passée de 3,5 millions de barils en 2004 à 2,3 millions actuellement.

Jouant la transparence, les autorités avaient décidé de retransmettre en direct sur internet et à la télévision ces premières enchères.

L'entreprise nationale Pemex n'y a pas participé mais pourrait prendre part aux suivantes.