Les cours du pétrole ont monté mardi, les investisseurs se montrant désireux de tourner la page après l'annonce d'un accord historique sur le nucléaire iranien, dont la perspective pesait de longue date sur le marché.

Le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en août, qui baisse nettement depuis le début du mois, a repris 84 cents à 53,04 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a gagné 66 cents à 58,51 dollars.

L'actualité pétrolière de mardi se résumait presque entièrement à l'accord conclu à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien, afin de solder un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis douze ans.

«Je ne vois rien d'autre aujourd'hui», a reconnu Mike Lynch,de Strategic Energy & Economic Research. «C'est ce qui occupe tous les esprits».

Le marché pétrolier appréhendait depuis plusieurs semaines un tel accord, car, en ouvrant la voie à une levée des sanctions contre l'Iran, il laisse craindre une reprise de ses exportations d'or noir dans un marché mondial déjà trop approvisionné.

Pourtant, les cours, qui ont nettement baissé à l'annonce de l'accord, se sont vite repris pour finir dans le vert.

«Cela peut sembler contre-intuitif, mais les gens étaient déjà passés à la vente dans la perspective de cet accord», a jugé M. Lynch. «Étant donnée la nette baisse des prix la semaine dernière, il est très logique que, maintenant que cette annonce est faite, elle ne plombe plus les prix.»

Les cours, qui étaient parvenus à se stabiliser autour de 60 dollars le baril à New York depuis la fin avril, ont en effet rechuté début juillet, perdant notamment plus de quatre dollars lors d'une seule séance.

L'attention revient aux É.-U.

Plusieurs analystes notent que le marché, en plus d'avoir anticipé l'accord lors des précédentes séances, accueille avec un certain soulagement le détail de ses termes, qui semblent écarter le risque immédiat d'un afflux de pétrole iranien.

Les investisseurs ont «réalisé que l'accord ne deviendrait pas une réalité avant décembre», a expliqué Matt Smith, de ClipperData. «Les sanctions devraient alors être levées, quand l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA)», qui dépend des Nations Unies, «aura prouvé que l'Iran respecte ce qui a été décidé aujourd'hui.»

De plus, «l'accord doit encore être approuvé par le parlement iranien et le Congrès américain», a souligné Tim Evans, de Citi.

Or, le Congrès a le pouvoir de bloquer l'application de l'accord, en premier lieu la levée des sanctions, et la majorité républicaine y a promis d'en découdre avec le président Barack Obama.

Même en cas de levée des sanctions, les observateurs pétroliers doutent de la capacité de l'Iran à produire, comme il l'avait annoncé en juin, un million de barils de plus par jour (mbj) dans les mois qui suivraient de telles mesures.

Les experts de l'agence de notation Fitch, qui estiment les exportations actuelles de la République islamique à 1,1 mbj contre 2,5 mbj avant 2012, jugent que la production iranienne ne sera pas en mesure de dépasser 700 000 b/j l'an prochain et «mettra des années à retrouver ses sommets passés».

«Reste que l'annonce de l'accord rapproche encore un peu plus du marché cet apport supplémentaire» et est donc négative pour le marché à long terme, a conclu M. Evans sur le sujet, mettant en avant la production déjà élevée de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), dont est membre l'Iran.

À part l'accord iranien, le marché pétrolier digère «un mauvais chiffre sur les ventes de détail aux États-Unis», de mauvais augure pour la demande, et l'annonce par le département de l'Énergie d'«une nette baisse de la production de pétrole (de schiste) le mois prochain aux États-Unis», a énuméré M. Smith.

Enfin, «le marché tient son habituelle veille hebdomadaire sur l'état des réserves américaines», a rappelé M. Evans.

La fédération American Petroleum Institute publiera ses chiffres sur le sujet à 16 h 30, et, surtout, le gouvernement américain donnera ses chiffres officiels mercredi à 10 h 30.