La société Royal Nickel (RNX.TO)  pourra aller de l'avant avec son projet de mine de nickel à ciel ouvert en Abitibi-Témiscamingue qui est appelé à devenir le plus important du genre dans l'histoire canadienne.

Quelques heures après avoir envoyé un avis de convocation, le gouvernement Couillard a confirmé, jeudi à Launay, l'octroi du certificat d'autorisation pour l'exploitation de la mine Dumont, située à 25 kilomètres au nord-ouest d'Amos.

La phase initiale devrait générer des investissements de 1,2 milliard US et devrait permettre de produire quotidiennement 52 000 tonnes de nickel.

Sur 33 ans - la durée de vie du projet - les investissements devraient dépasser 3 milliards US. Le projet doit générer près de 1300 emplois pendant sa construction et 500 postes directs pendant l'exploitation.

« L'exploitation s'étalera sur plusieurs décennies, a expliqué en entrevue téléphonique le président et chef de la direction de Royal Nickel, Mark Selby. Ce serait un pilier de l'économie pour l'Abitibi. »

Le prix du nickel a poursuivi sa glissade au cours des dernières semaines pour se transiger à 5,80 $ US la livre, loin de son sommet de 24 $ US atteint en 2007. M. Selby dit anticiper la fin d'un cycle baissier de 18 mois.

Dans son rapport déposé en septembre dernier, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) avait jugé que le projet de Royal Nickel était « acceptable », ce qui ne l'avait pas empêché d'évoquer certaines préoccupations.

Dans son document, l'organisme soulignait entre autres que l'entreprise devait, au préalable, « mettre en oeuvre les mesure appropriées à l'égard des eaux souterraines et de surface, du climat sonore et de l'air ».

« Le projet d'exploitation de Mine Dumont est un bel exemple de projet qui conjugue les trois piliers de développement durable, soit le développement économique et social et la protection de l'environnement », a souligné le ministre de l'Environnement, David Heurtel, par voie de communiqué.

Il n'a pas été possible de savoir si Québec détient une participation dans le projet où s'il a accordé une forme d'aide financière à Royal Nickel. En fin de journée, le cabinet de M. Heurtel n'avait pas retourné les appels de La Presse Canadienne.

La construction doit s'amorcer l'an prochain et s'étaler sur deux ans. La mine est appelée à devenir la cinquième du genre en importance dans le monde. Sa fosse devrait entre autres s'étirer sur plus de cinq kilomètres de longueur.

« La durée (d'exploitation), ce n'est pas rien, a expliqué le directeur aux communications stratégiques à l'Association minière du Québec, Mathieu St-Amant. Très forte dans l'or, l'Abitibi pourra maintenant diversifier son portefeuille. »

Malgré l'avis du BAPE, la Coalition Québec meilleure mine demeure préoccupée par le manque d'encadrement des mines à ciel ouvert et exhorte le gouvernement Couillard à modifier son cadre réglementaire.

Son porte-parole, Ugo Lapointe, s'inquiète notamment de la propagation de poussière pour les résidants de Launay et des communautés à proximité du projet.

« Il y a des centaines de résidences dans un rayon de 1,5 kilomètre, explique-t-il. Dans son rapport, le BAPE s'inquiétait du niveau des poussières et de la capacité de la compagnie à respecter ces conditions. »

Royal Nickel a récemment retenu les services de l'institution financière Swedbank Norway afin d'obtenir un financement de 600 millions US, ce qui, selon M. Lapointe, soulève d'autres questions.

« La compagnie n'est pas capable de lever les fonds pour financer ce projet, martèle le porte-parole de la Coalition. Son action a baissé de 50 pour cent depuis un an. Ce n'est pas demain que l'on verra un investisseur sérieux se mouiller. »

De son côté, la Première Nation Abitibiwinni a rapidement contesté la décision du gouvernement Couillard, la qualifiant de « prématurée » puisqu'elle n'a pas donné son accord au projet.

« Nous ne sommes pas contre le projet mais nous exigeons le respect de nos droits, a indiqué le chef d'Abitibiwinni, Bruno Kistabish. Nous allons regarder toutes les options qui s'offrent à nous afin d'amener le gouvernement à respecter ses obligations. »

La Première Nation affirme que le projet se trouve sur le territoire ancestral des Algonquins d'Abitibiwinni, sur lequel ils possèdent des droits ancestraux.