Même s'il n'y a pas eu de pourparlers en fin de semaine, le secteur forestier de la Côte-Nord s'attend à une réponse rapide de la part du gouvernement Couillard afin de régler la crise qui prive de travail près de 700 personnes.

Produits forestiers Résolu, Rémabec et la coopérative Boisaco attendent toujours la réponse de Québec aux demandes soumises vendredi dernier afin d'obtenir un prix à la baisse pour le bois coupé et ainsi assurer la pérennité de l'industrie dans la région.

Entre-temps, près de 360 employés de Rémabec, dont 160 à Port-Cartier, se retrouvent sans emploi, alors que Résolu a mis fin à ses activités forestières, ce qui touche «quelques centaines» de travailleurs.

«Nous sommes dans un engrenage qui fait en sorte que le temps n'est pas un allié», a expliqué le porte-parole de Résolu, Karl Blackburn, au cours d'une entrevue téléphonique.

M. Blackburn a indiqué que Résolu n'avait pas obtenu d'échéancier, ajoutant toutefois qu'il voyait mal comment le gouvernement Couillard pourrait faire traîner ce dossier en longueur.

D'après lui, le ministre de la Forêt, Laurent Lessard, est au courant depuis «plusieurs mois» des revendications de l'industrie à l'égard entre autres du prix de la fibre et de l'infestation de la tordeuse des bourgeons de l'épinette.

«Ce qui est un peu plus nouveau, ce sont les chiffres (entourant nos demandes) qui sont entre les mains du ministre», a précisé M. Blackburn.

Unifor, qui représente la quasi-totalité des employés syndiqués dans le secteur forestier de la Côte-Nord, s'attend à ce que Québec revienne à la table avant la fin de la semaine, possiblement dès jeudi, selon son directeur québécois, Renaud Gagné.

En fin d'après-midi, le bureau du ministre Lessard n'avait pas retourné les appels de La Presse Canadienne à ce sujet.

Si les demandes de l'industrie sont similaires aux revendications du passé, le porte-parole de Résolu a assuré qu'elles répondaient aux différentes ententes internationales, dont l'accord canado-américain sur le bois d'oeuvre.

L'utilisation de bois contaminé est plus dispendieuse pour une entreprise, car elle doit notamment s'assurer de faire disparaître les taches laissées par la tordeuse du bourgeon afin de s'assurer de sa qualité. De plus, il faut plus de fibre contaminée pour produire une tonne de papier journal.

«Nous souhaitons un règlement rapide qui va faire en sorte que la vraie valeur de la fibre sur la Côte-Nord (...) puisse être payée, a dit M. Blackburn. Sans cela, nous sommes condamnés à mourir.»

Sans entente, Résolu a prévenu que les 400 emplois directs répartis dans sa scierie des Outardes et sa papetière à Baie-Comeau seraient également en jeu à moyen terme.

En vertu de l'inventaire actuel, la Scierie des Outardes pourrait poursuivre ses activités, dans le meilleur des cas, jusqu'à la mi-septembre. Ensuite, elle ne pourrait plus fournir les copeaux à la papetière de Baie-Comeau, dont les activités cesseraient quelques semaines après.

De son côté, Rémabec demande une entente qui soit satisfaisante pour l'ensemble des joueurs de l'industrie.

«Résolu, il y a le problème de la tordeuse, alors que nous, en plus du coût minimum de la fibre, il y a les coûts supplémentaires entourant l'entretien et la création de routes», a résumé son directeur des communications, Pierre-Olivier Lussier.

Mais peu importe les délais, Unifor craint les conséquences des arrêts de travail sur le secteur forestier nord-côtier à long terme.

«Il y a de l'incertitude pour les propriétaires forestiers (...) qui doivent effectuer des paiements de plusieurs dizaines de milliers de dollars sur leur équipement, affirme M. Gagné. Sans travail pour quelques semaines, ça va être difficile pour eux.»

Selon lui, même s'il devait y avoir une entente cette semaine, il faudrait un certain temps à l'industrie avant de se remettre en marche.

«Ce n'est pas comme si on allait appuyer sur un bouton pour tout remettre en marche, analyse le directeur québécois d'Unifor. C'est un peu plus compliqué.»

Le porte-parole de Résolu a abondé dans le même sens si la crise s'étale sur quelques semaines. À son avis, certains sous-traitants auront pris la décision d'envoyer leur équipement ailleurs, où il y a du travail, ce qui ralentira probablement la reprise des activités.