Les cours du pétrole ont monté mardi pour finir à leur plus haut niveau de l'année à New York, portés par un brutal accès de faiblesse du dollar ainsi qu'un certain optimisme sur une baisse de l'offre américaine.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juillet a pris 1,06 dollar à 61,26 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), un niveau qu'un contrat de référence n'avait plus atteint en clôture depuis le début décembre 2014.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a vu son prix monter de 61 cents à 65,49 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Je crois que le plus important, c'est le dollar», a jugé Kyle Cooper, d'IAF Advisors. «Il y a une très forte corrélation inversée avec les cours du pétrole: tout ce qui plombe le dollar est en mesure de profiter au marché pétrolier.»

En effet, les échanges pétroliers sont libellés en monnaie américaine et deviennent donc moins coûteux pour les investisseurs quand le billet vert baisse.

Or, mardi, le dollar chute, en premier lieu au profit de l'euro. La monnaie unique, en hausse de plus de 2% face à la devise américaine, bénéficie d'un chiffre très bien accueilli sur l'inflation, qui a redémarré en mai pour la première fois depuis novembre dans la zone euro.

En ce qui concerne l'actualité spécifique du marché pétrolier, les investisseurs restent prudents car le reste de la semaine sera chargée en éléments importants, notamment au sujet de l'offre.

D'un côté, le marché attend mercredi les chiffres hebdomadaires du gouvernement américain sur l'état des réserves et de la production de pétrole aux États-Unis.

«Je crois que l'on s'attend à une baisse des réserves de brut, et cela peut contribuer à l'optimisme général», a jugé M. Cooper.

Depuis un mois, les stocks de pétrole brut, qui montaient sans relâche depuis janvier, ont inversé leur course et reculent, ce qui rassure les investisseurs même si la production américaine ne reflue pas vraiment et reste à un haut niveau, à environ 9,5 millions de barils par jour.

Spectre de l'OPEP

Toutefois, «la baisse modérée et récente des stocks américains de brut (...) est moins liée à un véritable manque d'approvisionnement qu'à la façon dont les raffineries gèrent leurs réserves», a prévenu Tim Evans, de Citi.

Avant les chiffres du département de l'Énergie (DoE), les investisseurs éplucheront les estimations de la fédération professionnelle American Petroleum Institute, publiées mardi après la clôture.

L'autre grande dominante de la semaine sera la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), vendredi à Vienne.

«Je crains que toute hausse (des cours) soit limitée à l'approche de la réunion», a, à ce titre, jugé Bart Melek de TD Securities.

Comme la majorité des observateurs, il s'attend à ce que le cartel conserve sa stratégie actuelle d'offre abondante, afin de protéger ses parts de marchés.

En s'abstenant à l'automne dernier d'abaisser son plafond de production, l'OPEP, dominée par l'Arabie saoudite, a contribué à la chute des cours, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur entre juin 2014 et janvier 2015, avant de rebondir un peu au printemps.

Cependant, pour l'heure, le marché est soutenu par «les commentaires faits par le ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi (...) car il a fait montre d'optimisme sur l'évolution de la demande», ont relevé les analystes de Commerzbank.

«La demande augmente. L'offre ralentit. C'est un fait. Le marché se stabilise», a dit M. Nouaïmi à son arrivée à Vienne, jugeant valide la stratégie du cartel de conserver à 30 millions de barils par jour (mbj) son plafond officiel de production.

Également dans le cadre de la réunion de l'OPEP, le ministre angolais du Pétrole, José Maria Vasconcelos de Botelho, a déclaré pour sa part qu'il se satisferait d'un baril de pétrole à 80 dollars.