Les cours du pétrole ont légèrement baissé lundi à New York, freinés par un renforcement du dollar, mais ils étaient loin d'avoir effacé le bond de plusieurs dollars qu'ils avaient observé lors de la précédente séance.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juillet a perdu dix cents à 60,20 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après une hausse de plus de 2,5 dollars vendredi.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, qui avait pris près de trois dollars vendredi, a vu son prix plus nettement baisser de 68 cents à 64,88 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Le marché essaie de se remettre de la flambée des cours de vendredi, et tente d'évaluer dans quelle mesure il peut conserver ses gains», a résumé Tim Evans, de Citi.

Plusieurs observateurs avaient attribué le bond de vendredi à l'annonce d'une nouvelle baisse du nombre de puits en activité aux États-Unis, selon le décompte hebdomadaire du groupe Baker Hughes. Ce chiffre a apaisé la crainte d'un éventuel rebond, au moment où le marché espère toujours assister à une baisse durable de la production américaine.

Désormais, faute d'actualité très notable dans le monde de l'or noir, «ce qui a freiné la dynamique des cours, c'est un renforcement du dollar», a mis en avant Phil Flynn, de Price Futures Group.

Le renchérissement du billet vert, qui profitait lundi de chiffres encourageants aux États-Unis, a tendance à pénaliser le marché pétrolier, car les échanges y sont libellés en monnaie américaine et en deviennent donc moins attrayants.

«Toutefois, le marché a essayé de rebondir et d'oublier la force du dollar», a souligné M. Flynn, qui a cité comme facteur positif des chiffres du cabinet privé Genscape sur l'état des réserves du terminal pétrolier de Cushing dans l'Oklahoma.

«On dit qu'elles ont baissé d'un million de barils [...] et cela pourrait soutenir le marché», a-t-il jugé. Les investisseurs sont très attentifs à l'évolution des réserves de Cushing, car c'est ce terminal qui sert de référence aux prix du WTI.

L'OPEP scrutée

Pour le marché, ces estimations, ainsi que celles publiées le mardi par la fédération American Petroleum Institute (API), sont un avant-goût des chiffres officiels sur les réserves américaines, annoncés le mercredi par le gouvernement américain.

À l'international, la semaine sera dominée par «la réunion que tiendra vendredi l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP)», a prévu Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. «On s'attend à ce qu'elle ne change pas de plan d'action, et à ce qu'elle continue à approvisionner le marché autant qu'elle le peut, afin de défendre sa part.»

En s'abstenant d'abaisser son plafond de production, l'OPEP a largement contribué à la chute enregistrée l'an dernier par les prix du pétrole, qui ont baissé de plus de moitié entre juin 2014 et janvier dernier. Depuis la mi-mars, ils ont néanmoins rebondi et semblent désormais se stabiliser autour de 60 dollars le baril à New York.

Pour le moment, l'offre de l'OPEP dépasse même «ses objectifs de production officiels de 30 millions de barils par jour (mbj)», a commenté Carsten Fritsch de Commerzbank.

Selon plusieurs études, dont une de l'agence Bloomberg News, «l'Arabie Saoudite maintient sa production à des niveaux proches de ses records», tandis qu'une «accélération de la production en Angola et en Irak a plus que compensé une chute en Libye et au Nigeria», a-t-il ajouté. «En d'autres termes on ne peut toujours pas dire qu'il y ait des signes de rééquilibrage entre l'offre et la demande sur le marché.»