Les cours du pétrole ont fini la séance en petite hausse jeudi à New York, rassérénés en fin de séance par un recul plus prononcé qu'attendu des stocks de brut aux États-Unis.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juillet a gagné 17 cents à 57,68 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), mettant fin à une série de trois séances de baisse.

À Londres le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a également terminé la séance en hausse, en gagnant 52 cents à 62,58 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), alors qu'il était tombé juste avant 11 h 00 à son plus bas niveau en un mois et demi, à 61,24 dollars.

En fin de matinée, les investisseurs ont découvert que les stocks de brut et d'essence avaient reculé bien plus nettement qu'anticipé durant la semaine achevée le 22 mai, à hauteur de respectivement 2,8 millions de barils et 3,3 millions de barils.

Mais ce n'est que dans les toutes dernières minutes de la séance, alors que les cours étaient restés en baisse toute la journée, que les investisseurs ont fini par se réjouir de cette annonce, qui permet d'espérer que l'offre devienne un peu moins surabondante.

En effet le ministère de l'Énergie (DoE) a «contrebalancé (l'annonce du recul des stocks) avec l'augmentation de 304 000 barils par jour de la production de brut» aux États-Unis, a expliqué Gene McGillian, chez Tradition Energy, «ce qui nous a remis au plus haut en 40 ans».

Le marché prête une grande attention aux chiffres de la production américaine, et a pris l'habitude de saluer les annonces de baisse.

À l'inverse, toute augmentation de la production américaine pèse sur les cours, puisque de leur côté les pays de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ne montrent aucun signe de vouloir réduire leur production, préférant protéger leurs parts de marché en continuant à vendre beaucoup et peu cher.

Plusieurs petites baisses de la production américaine avaient conduit le marché du pétrole à nettement rebondir depuis la mi-mars, mais selon M. McGillian «le marché s'était trop emballé, et c'est pour cela que nous avons vu les cours se replier» récemment.

Les investisseurs espéraient également voir dans les chiffres du DoE un sursaut de la demande en essence, à la veille du long week-end des 23 au 25 mai, et ils n'ont pas été déçus puisqu'elle a progressé de 1,6%.

Mais Tim Evans, chez Citi, a relativisé la bonne nouvelle. «Nous pensons que ce regain reflète plus un report des stocks des raffineurs chez les détaillants, qu'un bond de la consommation» par les automobilistes, a-t-il fait remarquer.

«La demande pourrait baisser dans la semaine achevée le 29 mai puisque les raffineurs ont dû suspendre des livraisons durant (le jour férié du 25 mai), et nous pensons que cela pourrait se traduire par un petit renforcement des stocks» la semaine prochaine, a-t-il dit.

À plus long terme, M. McGillian estime malgré tout pour sa part que le mouvement de reflux des stocks n'en est qu'à ses débuts, vu la baisse attendue de la production américaine.

«Les mesures prises par les producteurs nord-américains, en réduisant leurs dépenses d'investissement et en fermant des puits, ne se sont pas encore fait sentir», a-t-il dit, «nous verrons la production baisser, probablement vers la fin de l'année».