Le marché mondial du pétrole reste déséquilibré par une offre surabondante, en dépit de l'affaiblissement récent de la production aux États-Unis, a estimé mercredi l'Agence internationale de l'énergie.

Aussi, malgré le rebond des cours du baril de brut de ces dernières semaines, «les fondamentaux à court terme du marché semblent toujours relativement peu solides»,  avertit l'organisation dans son rapport mensuel de mai sur le pétrole.

La production des membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui assurent presque un tiers de l'approvisionnement mondial, a ainsi continué à progresser de 160 000 barils par jour en avril, après la hausse de 960 000 b/j enregistrée en mars, souligne l'agence basée à Paris.

Elle s'est établie à 31,2 millions de barils par jour le mois dernier, au-delà du quota théorique de 30 mb/j que s'est fixé l'OPEP. Et, selon l'AIE, le refus de l'organisation, en novembre, de diminuer son offre pour soutenir les prix «n'était que le premier pas d'un programme qui prévoit en réalité d'augmenter la production et d'investir massivement dans les futures capacités de production».

Quant aux pays non-Opep, l'affaiblissement de la production aux États-Unis sous l'effet de la chute des cours est compensé par d'autres sources, observe l'agence.

Au total, les pays de cette zone ont produit 57,9 millions de barils par jour en avril, soit une baisse de 260 000 b/j.

«Après des mois de réduction des coûts et une chute de 60% du nombre de forages aux États-Unis, la hausse continue de l'offre américaine semble enfin se calmer», note l'AIE.

Mais, «si la réaction aux prix (de l'offre de pétrole de schiste aux États-Unis) était largement attendue, la bonne performance d'autres sources de production non-OPEP a dépassé les estimations», ajoute-t-elle.

L'AIE cite notamment la résistance inattendue du niveau de production des compagnies russes, «grâce à un régime fiscal flexible (...) et à la baisse marquée des coûts de production provoquée par la dépréciation du rouble». Elle souligne aussi que le brésilien Petrobras, contraint de réduire la voilure en matière de nouveaux projets, récolte pour le moment les fruits de ses investissements passés, avec une production en hausse de 17% sur un an au premier trimestre.

Nouveau souffle du pétrole de schiste 

Aussi, après avoir réduit deux mois de suite son estimation de la croissance de la production hors OPEP en 2015, l'AIE l'a relevée mercredi. Elle prévoit désormais que cette production augmentera de 830 000 barils par jour cette année, pour atteindre 57,8 mb/j.

D'autant que la pause marquée par le pétrole de schiste en Amérique du Nord pourrait être de courte durée.

«Le vigoureux rebond du prix du (baril de) WTI le mois dernier donne un nouveau souffle aux producteurs de pétrole de schiste», qui ont dans le même temps diminué leurs coûts de production pour abaisser le seuil de rentabilité de leurs forages.

Ce qui fait dire à l'AIE qu'il serait «prématuré de suggérer que l'OPEP a gagné la bataille pour les parts de marché». Le refus de l'organisation de diminuer sa production est en effet largement interprété comme une volonté de ne pas abandonner des marchés à d'autres acteurs et de faire plier les producteurs de pétrole de schiste aux États-Unis, qui ont des coûts de revient plus élevés.

Après avoir chuté de 60% entre juillet 2014 et début 2015, les cours du pétrole brut ont enregistré un important rebond au cours des dernières semaines, repassant la barre des 60 dollars, encouragés par la réduction du nombre de forages et un coup d'arrêt à la hausse des stocks aux États-Unis.

L'AIE a par ailleurs conservé sa prévision du niveau de la demande mondiale de pétrole: la consommation d'or noir dans le monde devrait croître de 1,1 mb/j en 2015, à environ 93,6 mb/j, l'amélioration des perspectives économiques et l'hiver plus froid en Europe étant contrebalancés par «des prévisions réduites pour l'ex-Union soviétique, le Moyen-Orient et l'Amérique latine».

L'AIE a été fondée en 1974 à l'initiative de l'OCDE, afin d'assurer la sécurité des approvisionnements en énergie de ses membres.