Les cours du pétrole ont perdu un peu de terrain lundi, dans un marché qui manquait toujours de visibilité sur le niveau à venir de l'offre et n'a guère trouvé de réponses dans une actualité limitée.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juin a perdu 22 cents à 58,93 dollars en clôture sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, où les échanges étaient limités en raison d'un jour férié, le cours du baril de baril de Brent pour livraison en juin est resté presque stable, perdant un cent à 66,45 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

«Il n'y a pas eu grand-chose de nouveau», a reconnu Bart Melek, de TD Securities. «Ce qui se passe, c'est que les gens continuent à se préoccuper de la perspective d'une offre toujours excédentaire».

«L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) produit 31,3 millions de barils par jour», selon une étude de l'agence Bloomberg News pour le mois d'avril, «la production ne baisse pas très vite aux États-Unis et les chiffres de cette semaine sur les réserves américaines pourraient bien plomber les cours du WTI» après leur publication mercredi, a-t-il énuméré.

Les perspectives sur la production américaine sont une des grandes inconnues sur le marché, qui a semblé reprendre confiance dans une future réduction de l'offre au cours des dernières semaines.

«Au cours du seul mois dernier, le Brent a progressé de 21 % et le WTI de 25 %, soit, dans les deux cas, la plus forte hausse depuis mai 2009», ont souligné les experts de Commerzbank.

«Il n'y a pas de raison de fond à la flambée enregistrée lors des dernières semaines par les prix du pétrole, que l'on peut avant tout attribuer à de la spéculation sur une baisse de l'offre au second semestre», ont-ils nuancé. «On attend toujours une baisse notable de la production américaine.»

Pour certains observateurs, plusieurs éléments sont cependant de bon augure sur ce plan, comme l'annonce la semaine dernière du premier recul hebdomadaire depuis environ cinq mois des réserves du terminal de Cushing (Oklahoma), qui sert de référence au prix du WTI, ou la baisse persistante du nombre de puits en activité aux États-Unis.

Ce décompte, en baisse de 24 unités, «a enregistré son 21e déclin hebdomadaire de suite et est à son plus bas niveau depuis septembre 2010, donc c'est un bon chiffre qui donne un peu de soutien au marché», a jugé Bob Yawger, de Mizuho Securities.

«Oeillères»

L'Opep a, elle, fourni au marché une des rares actualités du jour avec son rapport mensuel, mais elle n'a pas réellement changé la donne en rejetant sur les spéculateurs la responsabilité de la baisse de plus de moitié des cours entre juin et janvier.

«On peut difficilement reprocher aux spéculateurs d'essayer de se sortir d'un marché orienté à la baisse», a relativisé Tim Evans, de Citi.

Il estimait par ailleurs qu'un renforcement du dollar, qui reprenait un peu d'allant lundi après deux semaines de déprime, a pu nuire «en partie» au marché du pétrole en rendant moins intéressants les échanges pétroliers, libellés en monnaie américaine.

«Dans l'ensemble, le marché semble résolu à garder ses oeillères, et à continuer à croire coûte que coûte que l'équilibre va se resserrer un jour entre l'offre et la demande, par rapport à l'actuel surplus manifeste», a-t-il conclu.

Enfin, parmi les éléments de soutien, sur le plan de la demande, le marché bénéficie «des espoirs de mesures de relance en Chine, où ont été publiés des chiffres décevants sur l'activité manufacturière, dans la lignée des indicateurs les plus récents», a rapporté Matt Smith, de Schneider Electric.