Le gouvernement britannique a prévenu BP (BP) qu'il s'opposerait à une potentielle offre de rachat du groupe pétrolier, affaibli ces dernières années par le désastre du golfe du Mexique, rapporte la presse lundi.

«Le gouvernement a rencontré BP ces derniers jours pour exprimer son opposition à tout rachat potentiel de la major pétrolière», écrit le Daily Telegraph.

Selon le Financial Times, qui cite une source proche du dossier dans les milieux financiers, le gouvernement aurait peu de pouvoir formel pour faire échouer une offre mais «manifesterait son opposition de manière tellement claire qu'un groupe étranger serait dissuadé de lancer une offre».

Ces mises en garde interviennent alors que BP, qui a cédé beaucoup d'actifs à la suite de l'explosion de la plateforme Deepweter Horizon en 2010 et souffre aujourd'hui de la faiblesse des cours du pétrole, est cité par certains analystes comme une cible potentielle.

Les spéculations sur une nouvelle consolidation dans le secteur ont aussi été ranimées dernièrement par le projet de rachat amical de BG Group par Royal Dutch Shell.

«Le gouvernement discute avec un large éventail d'entreprises britanniques, comme vous vous en doutez. C'est dans l'intérêt du Royaume-Uni d'avoir des entreprises britanniques qui prennent part à la concurrence et réussissent ici et à l'étranger», a indiqué à l'AFP un porte-parole des services du premier ministre conservateur David Cameron, sans autre commentaire.

Le gouvernement britannique est habituellement assez peu interventionniste en termes de fusions-acquisitions. Le confiseur Cadbury avait par exemple été avalé par l'américain Kraft en 2010, sans opposition du gouvernement travailliste de l'époque.

Plus récemment, le gouvernement Cameron s'était contenté de demander des garanties lorsque le groupe pharmaceutique Pfizer lorgnait sur AstraZeneca, avant de finalement renoncer à lancer une offre.

À la Bourse de Londres, l'action BP perdait 1,16% à 472,85 pence ce matin, dans un marché en hausse de 0,30%, alors qu'une éventuelle offre sur le groupe semblait du coup moins probable.

«Un rachat de BP aurait sans doute été l'oeuvre d'un prédateur et ne se serait pas passé sans dégâts pour la major. BP avait été évoqué comme cible potentielle avant même que BG ne soit avalé par Shell», a observé Will Hedden, courtier chez London Capital Group.