Athènes projette de signer avec la Russie un accord, couplé au versement d'une avance sur recettes, pour l'extension à la Grèce du projet de gazoduc «Turkish stream», a affirmé samedi à l'AFP une source grecque proche de cette négociation dont la teneur a cependant été démentie par le Kremlin.

«Un accord sera signé mardi à Athènes avec une délégation russe de haut rang sur la construction du gazoduc. Cet accord fixera les conditions de financement de la construction et le niveau des redevances», a indiqué cette source ministérielle sous couvert d'anonymat.

«Non, il n'y a pas eu d'accord, a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur les ondes de la radio Business FM. Vladimir Poutine a lui-même déclaré que personne n'avait demandé de l'aide (à la Russie)».

«Naturellement, la question de la coopération énergétique a été soulevée (...) et va être étudiée par les experts, mais la Russie n'a pas promis d'aide financière, tout simplement parce que personne ne l'a demandé», a-t-il ajouté.

L'entourage du premier ministre Alexis Tsipras n'a pas souhaité commenter ces informations.

Le site internet de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel assurait samedi, citant un cadre du parti de gauche radicale Syriza, que la signature d'un tel accord pourrait intervenir mardi et serait couplée au versement à la Grèce, à court de liquidités, d'une avance sur recettes.

Cette avance correspondrait aux futures redevances sur le transit de gaz russe par le gazoduc en territoire grec.

Une telle avance est «effectivement prévue, d'un montant proche du haut de la fourchette (celle-ci allant jusqu'à cinq milliards d'euros, ndlr) donnée par le Spiegel, dans un délai rapide, les prochains mois», a affirmé la source grecque à l'AFP.

Ce gazoduc, dont la mise en service n'est pas prévue avant 2019, n'en est cependant qu'à l'état d'ébauche, Russie et Turquie peinant à trouver un accord définitif sur ce projet.

La Grèce est, quant à elle, à court d'argent en raison du piétinement des négociations avec ses créanciers UE, BCE et FMI, sur le versement d'une dernière tranche dans le cadre du plan d'assistance internationale dont elle bénéficie, d'un montant de 7,2 milliards d'euros.

Le quotidien autrichien Die Presse rapportait samedi avoir eu confirmation de ce projet d'accord auprès d'une source russe proche des négociations.

Pendant la récente visite à Moscou d'Alexis Tsipras, Vladimir Poutine avait évoqué une participation de la Grèce au projet de gazoduc Turkish Stream entre la Russie et la Turquie, qui pourrait servir de base à des livraisons de gaz russe vers le sud de l'Europe, mais en disant qu'aucun accord ferme n'avait été conclu.

Le gouvernement grec avait au même moment déjà fait allusion à la possibilité de ce financement russe du projet de gazoduc.

Interrogé sur l'éventualité d'un tel accord gréco-russe, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble a fait bonne composition, affirmant «être heureux, si tel est le cas».

«Je n'en connais pas les détails et je n'ai pas besoin de les connaître», a-t-il ajouté, soulignant qu'un tel accord «ne réglerait pas les problèmes que la Grèce rencontre dans le respect de ses engagements» vis-à-vis de ses créanciers.

La visite en Russie d'Alexis Tsipras, en pleines négociations avec ses partenaires européens, avait été considérée avec méfiance par ces derniers, certains analystes y ayant vu la possibilité d'une réorientation stratégique de la Grèce.

Vladimir Poutine avait cependant assuré que le premier ministre grec n'avait pas demandé d'aide financière à son pays.