Face au plongeon abrupt des prix du pétrole, le groupe de services pétroliers franco-américain Schlumberger a annoncé jeudi une nouvelle vague de suppressions d'emplois pour éviter une détérioration accélérée de sa rentabilité.

Fondée par les frères Conrad et Marcel Schlumberger en 1926, la société qui développe des technologies destinées au forage de puits pétrolier ou à la construction de puits et plateformes va supprimer 11 000 emplois supplémentaires.

Cette annonce porte à 20 000, soit 15% de ses 115 000 salariés, le nombre de suppressions de postes au sein de l'entreprise annoncées depuis le début de l'année. Le groupe, qui opère dans plus de 85 pays à travers le monde, ne donne pas de répartition géographique pour ces coupes.

Le coût des indemnités de départ et autres mesures d'accompagnement est estimé à 390 millions de dollars.

«En dépit de notre préparation effectuée au quatrième trimestre (2014), la chute abrupte de l'activité, particulièrement en Amérique du Nord, veut que nous prenions des mesures (d'économies) additionnelles durant le trimestre. Ceci inclut la difficile décision de procéder à une autre réduction de nos effectifs de 11 000 employés», explique la société.

À Wall Street, l'action prenait 2,57% à 94,25 dollars dans les échanges électroniques suivant la clôture de la séance. En séance, elle avait terminé en baisse de 0,12%.

Le plongeon d'environ 50% des prix du baril de pétrole depuis juin dernier a affaibli les entreprises énergétiques, forçant nombre d'entre elles à restreindre leurs projets d'exploration pétrolière avec un impact direct sur l'activité de leurs sous-traitants comme Schlumberger.

L'agence d'évaluation financière Moody's prévoit une baisse de 25% des projets d'exploration cette année comparé à 2014 et a averti qu'aucun segment de l'industrie n'en réchappera.

Baisse des dépenses

Obligées de renoncer à leurs ambitions, les majors pétrolières, qui ont aussi dû ralentir leurs activités de forage, demandent ainsi à leurs fournisseurs de baisser de façon importante leurs prix, au risque d'entamer leur rentabilité.

Cette requête pèse sur les marges dans la production de brut, en particulier pour les méthodes d'extraction les plus coûteuses (dans les roches de schiste, en plein essor ces dernières années aux États-Unis, ou en eaux très profondes par exemple).

Lors du premier trimestre, la marge opérationnelle de Schlumberger s'est établie à 19,4% contre 21,1% à la même période un an plus tôt.

Le bénéfice net a, lui, chuté de 38,7% à 975 millions de dollars, même si c'est dans une moindre proportion que redouté.

Le chiffre d'affaires du groupe continue de reculer, à 10,25 milliards de dollars (-9% sur un an), contre 10,46 milliards escomptés par les marchés.

Outre la baisse des dépenses des groupes pétroliers, les revenus sont affectés par l'effondrement du rouble et du bolivar vénézuélien, devises respectives de la Russie et du Venezuela, deux importants pays producteurs d'énergie.

Le tableau d'ensemble ne devrait pas beaucoup changer dans les trimestres à venir.

«Nous sommes persuadés que l'activité n'atteindra plus vraiment les niveaux d'avant, ce qui devrait prolonger la période de faibles prix» du brut, avertit le directeur général Paal Kibsgaard.

D'autant qu'il souligne que les anciens puits pétroliers ne sont pas encore à sec, ce qui devrait maintenir une offre de brut abondante.

Schlumberger a décidé en conséquence de réduire ses investissements pour l'année et ne prévoit plus que d'investir 2,5 millions de dollars contre 3 millions auparavant.

Les deux principaux concurrents du groupe franco-américain ont préféré joindre leurs forces pour faire face.

Halliburton et Baker Hughes, dont la fusion vient d'être approuvée par leurs actionnaires, espèrent être en position de force dans des zones d'exploration pétrolière requérant un haut savoir-faire technologique comme l'Arctique pour compenser des baisses de prix dans d'autres régions. Mais eux aussi ont annoncé des milliers de suppressions d'emplois.