La version amincie du Plan Nord dévoilée mercredi par le gouvernement Couillard a somme toute été bien reçue par le milieu des affaires, mais les réactions ont été bien différentes du côté des partis d'opposition.

S'ils n'ont pas été surpris par les mesures annoncées, la quasi-totalité des intervenants interrogés estiment que le contexte d'investissement sera désormais plus stable pour les entreprises.

«C'est un signal pour dire aux investisseurs »nous allons vous accompagner«, a dit la président-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand. J'ai parlé à quelques explorateurs miniers, qui sont contents.»

D'ici 2035, Québec prévoit des investissements totaux de 50 milliards $, ce qui est considérablement moins que les retombées de 80 milliards $ étalées sur 25 ans prévues dans le Plan Nord annoncé en 2011 par le gouvernement libéral de Jean Charest.

En dépit du prix de certains métaux qui a touché un creux en cinq ans, le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), Michel Leblanc, croit que Québec fait bien d'investir.

«Les économistes diront que les grands investissements devraient toujours avoir lieu dans la phase où le cycle est bas de façon à être prêt lorsque tout ça va repartir», a-t-il observé, au cours d'une entrevue.

Le Conseil du patronat du Québec a abondé dans le même sens, affirmant qu'il fallait «préparer l'avenir» puisque les retombées économiques du Plan Nord s'étaleront sur plusieurs années.

L'engagement visant à investir dans les infrastructures comme les routes et les écoles a également reçu un accueil favorable de la part de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, qui l'a qualifié «d'extrêmement important».

S'il salue la volonté du gouvernement Couillard de voir les communautés autochtones jouer un rôle plus important dans le développement du Nord, le chef de l'Association, Ghislain Picard, a prévenu qu'il restait encore beaucoup à faire.

«Le test s'en vient, a-t-il prévenu. Il y a des obligations pour tous les gouvernements en matière de consultation. Comment cela se fait? C'est une grande question qui se pose partout, pas seulement au Québec.»

De son côté, l'Association minière du Québec s'est montrée préoccupée par l'engagement de soustraire 50 pour cent du territoire du Plan Nord à toutes activités industrielles d'ici 2035.

Selon elle, un travail de caractérisation de ce qui se trouve dans le sol est «essentiel» avant de procéder à «quelque protection que ce soit».

L'opposition déçue

Cette nouvelle version du Plan Nord a toutefois reçu un accueil bien différent de la part des partis d'opposition, qui estiment que le gouvernement Couillard ne propose rien de neuf par rapport à ce qui avait été présenté il y a quatre ans.

«Encore une fois, on laissera aller les minières sur le territoire sans guide, sans politique, a souligné le porte-parole du Parti québécois en matière d'économie, d'entrepreneuriat, de PME et d'exportations, Pierre Karl Péladeau. Philippe Couillard n'a toujours présenté aucune politique économique.»

La Coalition avenir Québec a déploré que le gouvernement ait présenté peu «de moyens concrets» pour réaliser ses objectifs.

«Pour le moment, en regardant le cadre financier, rien ne nous permet de croire à des retombées de 22 milliards $ en 20 ans. On voit encore une fois la pensée magique libérale à l'oeuvre», a déclaré le porte-parole du parti en matière d'économie, innovation et exportations, André Lamontagne.

De son côté, Québec solidaire a qualifié «d'entreprise de relations publiques» l'événement organisé par le gouvernement Couillard, puisque le Plan Nord était connu de tous depuis 2011.

«J'ai beau chercher, je ne vois pas de grande évolution dans le Plan Nord présenté par le premier ministre Couillard, a indiqué le député Amir Khadir. C'est du copié-collé du plan de Jean Charest qui n'a pourtant jamais décollé.»